Archive pour juin 2010

La croisi̬re se murge РPart 3

samedi 26 juin2010

Le lendemain, nous avons bravé un fort libecciu* pour  tester cette fois le comportement du vermentinu en altitude. L’expédition comprenait deux 4X4 Ford, plusieurs magnums dont certains étrangers à la Corse et un panier pique-nique incluant saucisson, coppa et lonzu locaux et un foie gras afin de parer à toute éventualité. Outre  Antoine et Antoine-Marie** Arena, Emeline nous accompagnait en sa qualité de guide de haute-montagne (Elle a gardé pendant plusieurs mois le refuge de la Quincave à Montparnasse).

L’ascension fut l’occasion de découvrir de près les terroirs qui nous font rêver, Morta Maïo, Grotte di Sole exposé au sud, Carco exposé à l’est, et enfin le couronnement avec l’arrivée tout là-haut, sous la falaise calcaire qui en été protège les vignes des rayonnements solaires meurtriers, mais parfois craque en laissant de gros blocs dévaler la pente : les Hauts de Carco!

Tandis que les sherpas déballent le matériel scientifique, Antoine nous explique que cette parcelle tout en haut de la pente assure paradoxalement une meilleure alimentation hydrique à la plante. Illico nous vérifions cette heureuse vertu désoiffante du lieu en siphonnant un magnum, délicieusement frais malgré sa température de service proche de celle d’un rouge. Monsieur Tonio prend un malin plaisir à servir ses blancs en se passant de la fraîcheur flatteuse du seau à glace.

Fortement grisés par la splendeur du panorama, nous abandonnons provisoirement l’austère retenue du chercheur. L’ouverture d’un fleurie de Foillard nous entraîne à une évocation des grandes heures du Bistrot des Envierges : François Morel et Ponpon furent les premiers à faire couler sur Belleville des flots de vermentinu et de niellucio, dans des temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître.

De retour au camp de base, les organismes sont marqués par l’effort. L’expérience du foie gras chaud semble avoir marqué profondément certains organismes. Une activité cérébrale soutenue associée au manque d’oxygène dû à l’altitude obligent les plus vaillants à s’offrir une intense séance de sieste. Antoine, grand maître 7ème dan, nous enseigne les rudiments de ce sport, sachant qu’il nous faudra s’entrainer sérieusement plusieurs années si nous désirons ne serait-ce qu’approcher de loin son niveau.

Ces instants de repos, de repli sur soi et même pour certains, d’introspection nous ouvriront-ils la voie de la sagesse suprême, car bien que nos intentions soient pures qu’en est-il de notre foie ? Serons-nous prêts pour l’ultime étape de notre mission ? Notre science saura-t-elle traduire en mots, au reste du monde resté tranquillement au bureau l’infinie subtilité des cépages corses ? Toutes ces grandes questions que vous vous posez et qui, face aux autres énigmes de l’Histoire, restent de tout premier ordre, l’Equipe GLOUGUEULE vous en donnera les clefs dans le dernier volet de notre aventure intitulé étrangement « Epilogue ».

* Vent méditerranéen soufflant du sud-ouest, c’est la dernière fois qu’on vous explique.

** La tradition corse voulant que le prénom de l’enfant soit composé des deux prénoms des parents me fait craindre le pire pour la génération suivante. Il ne sera pas forcément aisé de crier le prénom de l’élu pour qu’il vienne déguster à la cave avec son grand-père.

La croisi̬re se murge РPart 2

vendredi 25 juin2010

Comme vous avez pu le voir dans l’épisode précédent le dégustateur, même confirmé, est facilement influencé par son environnement. Voilà pourquoi, dans un souci de rigueur scientifique, nous avons décidé d’organiser une deuxième dégustation loin de toute source de pollution. Grâce à Antoine-Marie, que nous ne remercierons jamais assez, nous avons traversé  le golfe de San Fiurenzu (impossible de savoir comment ça se dit en français) pour aller mouiller sur une petite plage tranquille. Nous avons pu ainsi nous concentrer sur les arômes d’un magnum de Grotte di Sole 2008 sans qu’aucune odeur parasite (pas même celle de nos vêtements, ah ben oui, il faut savoir ce qu’on veut!) ne vienne altérer la pureté du vin. En avant-première nous vous révélons que le rapport scientifique de l’expédition, déjà réclamé par « Science » et « Nature », établit qu’à l’unanimité nous avons préconisé un carpaccio de saint-jacques comme accompagnement idéal de cette bouteille.

Hélas, une cruelle désillusion nous attendait, puisqu’au retour de cette dégustation, nous n’avons trouvé au bout des lignes qu’Antoine-Marie avait tendues le matin que deux dentis* entre 4 et 5 kilos. Nous avons dû en urgence revoir nos plans pour le repas du soir et nous contenter de ces deux petits poissons pour accompagner de trop nombreux flacons.

Notons qu’il est fort regrettable qu’un certain « jf » ait cru bon de s’amuser à titiller la première ligne de quelques brèves saccades, rappelant en cela le côté compulsif de certains adolescents, et permis ainsi à un énorme spécimen de 7k250 de se décrocher à quelques mètres de la surface.

Enfin, en période de crise, nous avons su réagir et nous remobiliser malgré cette immense déception. 9kg de poisson, de tendres pommes de terre nouvelles enroulées dans de la joue de porc et une soupe de fraises du jardin accompagnées de menthe fraiche et d’un filet de jus de citron autochtone. Les 2 dentis n’ayant pas choisi leur destin, alors que le second avait opté pour le four, le premier fut l’objet de toutes les attentions de la part de Mimi qui lui fit subir sa spécialité : « Le carpaccio du Sculpteur ». Cette recette qu’il nous dit avoir découverte dans un incunable** du XVème siècle se pratique à mains nues, ce qui, d’après lui, évite de stresser la chair du poisson au contact du métal. La finesse des tranches, la présence persistante d’écailles et d’arêtes restent un problème secondaire, toujours d’après lui.

Effectivement, et nous tenons ici à nous en excuser publiquement, l’Egérie de la nouvelle campagne de Jean-Paul Gauthier avait raison : « Si vous immergez une quantité X de cette délicieuse mixture dans 2 volumes à proportions égales de vermentinu et de bianco gentile durant toute une nuit, il n’en restera aucune trace au petit matin. Voici qui ne laisse pas de nous surprendre.

« La nature par le biais de la science nous révèle parfois d’étranges vérités. » Mais notre quête de la vraie nature du Vermentinu ne s’arrête pas là…

*poisson méditerranéen de la famille des dorades. Le roi des poissons pour les Corses.
** Contrairement à ce que pourrait laisser penser ce mot, il n’a rien à voir avec cet autre de la langue française qui voudrait indiquer par là même le peu de désir que suggérerait une personne du sexe opposé.

 

La croisi̬re se murge РPart 1

mercredi 23 juin2010

De la terrasse des Arena, on ne voit que ça : comme le goulot d’une bouteille qui s’avance dans le maquis. Un truc de fou, comme dirait Jean-Baptiste, un truc de malade. Conquis à coups de pioche et de pelleteuse en 2005 sur le calcaire de Patrimonio, les Hauts de Carco, un hectare planté en vermentinu et bianco gentile, a donné son premier millésime en 2008. C’est pour boire ce vin en ayant cette parcelle sous les yeux que GLOUGUEULE a missionné début juin un voyage d’étude en Corse comprenant une équipe scientifique de haut vol : outre les 2 cerveaux de GLOUGUEULE, nous nous sommes adjoint un spécialiste des affaires maritimes, Mimi, neveu honni du Cdt COUSTEAU, (chacun reprochant à l’autre la nature de l’élément liquide dans lequel il passait le plus clair de son temps) et le grand globe-roteur méditerranéen Jacques Ferrandez, accompagné de son frère Pascal manifestement téléguidé par le FBI (il habite les States, porte en permanence d’épaisses lunettes fumées, tente de cacher dans les recoins les plus intimes un micro espion datant, vu sa taille, du temps de la guerre froide). Un commando de 5 hommes unis et soudés, une version post-moderno-glougueulesque d’Agence Tous Risques.

Pas de round d’observation : arrivés à l’heure du thé, nous sommes accueillis par Antoine et Marie sur cette fameuse terrasse qui sera jusqu’à la nuit une scène où défilent à tour de rôles clients, amis, journalistes et les petites mains qui, tôt le matin, vont ébourgeonner. (Non! Non! pas de commentaires!) En fait de darjeeling, nous avons droit à une dégustation des 3 grandes cuvées de blanc du domaine : Carco, Hauts de Carco et Grotte di Sole. Antoine a oublié le crachoir.

En professionnels consciencieux nous décidons pour l’occasion d’appliquer le protocole dit de la « Dégustation Terminus ». Les vins étant goûtés « à l’aveugle » à plusieurs reprises, avec et sans commentaires, dans le verre de l’autre, en mangeant, sous la nuit étoilée vers 2 h du matin et surtout, vers la fin, « En dépit du bon sens ». Cette technique pointue, à la limite de la sophistication, permet grâce à son synthétisme radical de mettre en avant les qualités fondamentales des vins en posant LA question :  » Est-ce qu’après Tu Peux R’Boire ? » Eh bien! Aucun doute comme vous pourrez le constater dans le deuxième épisode de « La Croisière se murge »

La Chassagnette d’Armand Arnal

dimanche 20 juin2010

Une première rencontre au « Gibolin » de Luc DESROUSSEAUX à Arles m’avait inspiré tout de suite confiance. L’homme avait au visage un grand sourire, une jovialité qui inspirait la franche camaraderie. Le fait que j’aie réussi à lui recaser mon vieux trancheur à jambon à prix d’or n’a rien à voir avec les sentiments que je ressentais à son endroit.

La livraison de cette petite merveille fut l’occasion de découvrir son restaurant caché au beau milieu de la Camargue. Le lieu, l’accueil, la simplicité et l’efficacité du service, le menu à prix très doux du midi avec des portions qui ne servent pas à colmater les dents creuses, où les stries de balsamique au fond de l’assiette ne font pas office de trompe-l’Å“il,  la carte des vins qui laissait entrevoir une volonté d’aller vers des cuvées de libre expression, le grand mur de feuilles sèches, la pluie au dehors, le feu dans la grande cheminée et une excellente cuvée Jadis de la maison Barral nous donnaient comme une envie de prolonger l’instant. Restait à ne pas payer pour que l’après-midi soit parfaite. Ce qu’elle fut grâce à la générosité de ce célèbre capitaine de vaisseau qui engrange de colossaux droits d’auteur par la pratique occasionnelle de la bande dessinée. Cette difficile journée s’acheva en apothéose chez Karina et Guillaume Lefebvre du Domaine de Sulauze à Miramas qui nous régalèrent d’un délicieux repas brésilien, mais ceci sera l’occasion d’un autre épisode de nos trépidantes aventures avec de vraies cascades non doublées.

Troisième rencontre avec Armand ARNAL. Dimanche dernier, nous étions sept jeunes et fringants quinquagénaires réunis là suite à une voix qui en avait interpellé un en ces termes :  » Dimanche 6 Juin en ce jour souvenir de 1944, à la Chassagnette vous débarquerez! » J’avais bien reconnu le chevrotement de la voix et dans nos familles quand le Général parlait on se taisait et on faisait qu’est-ce qu’y disait. Concentrés, à la limite du recueillement, nous nous sommes promenés avant d’investir les lieux dans l’immense potager, et comme nous l’avait demandé le Grand Charles, nous avons débarqué à 12h30 exactement. A l’apéro Mimi qui, en dehors de jouer les jouvencelles dans les défilés de mode, est surtout un homme de mer, nous fit rapidement remarquer que la cuvée « Le Briseau » de CHAUSSARD et GAUBICHER revenait toutes les trois bouteilles, ce qui, d’après sa grande expérience, présageait un tsunami. Une grosse pluie nous fit effectivement quitter la terrasse et nous obligea à nous replier à l’intérieur. Mais nous ne sommes pas hommes à reculer devant l’adversité et pour bien montrer notre détermination au Maitre des Éléments nous avons opté pour un menu dégustation à rallonge. Ce qui s’ensuivit reste du stricte domaine privé et, à l’image de notre grande équipe de France, nous ne voulons pas dévoiler nos schémas tactiques. Sachez seulement que nous fumâmes un excellent « Ramon Allones » en terrasse en attendant l’heure déchirante de la séparation.

L’Art comptant pour un, j’en reprendrais bien un peu.

vendredi 11 juin2010

C’est connu, la vie d’artiste n’est pas facile tous les jours et celui qui embrasse cette voie aujourd’hui se prépare à affronter incrédulité parfois, misère souvent, faim et soif toujours. Ce que supportera aisément le Parisien par la nature même de son climat, le Niçois ne pourra le subir sans dommages irrémédiables pour sa santé. L’artiste, s’il veut survivre à l’écrasante chaleur estivale, doit prévoir un  poste liquide représentant une part importante de son budget. Voilà où en était Cédric TEISSEIRE de ses réflexions au printemps 2007. Son père, bouquiniste furtif et escroc notoire lui ayant inculqué les bases de la survie en milieu hostile, Cédric eut l’idée lumineuse de concevoir une Å“uvre qui allierait passion et nécessité. En partenariat avec l’association marseillaise « Astérides »  il lança le judicieux projet « Soif d’absolu ».

Après avoir étudié le caractère et défini la chronologie d’ouverture de douze millésimes d’une même cuvée, sur douze feuilles de 70cm x 100cm, imprimez une trame régulière de cercles d’un noir profond de 38mm de diamètre, cernez les de l’empreinte du col d’un verre préalablement trempé dans une coupelle remplie du précieux liquide. Répétez l’opération autant de fois que vous avez de bouteilles.

(Vous devrez vous tempérer et boire lentement et de manière posée les 73 cl que laissera chaque œuvre.)

Le contact avec Michèle AUBERY du Domaine Gramenon fut le premier et le seul car il fut le bon. Séduite par le projet, Michèle offrit douze bouteilles de Mémé, de la mythique 1990 à 2001.

Eh Ouais ! Eh Ouais ! Eh Ouais !

Cela ne vous fait pas penser à la parabole ?

Heureux les simples d’esprit car le royaume des cieux leur est ouvert.

J’en connais qui, pour assister à une telle dégustation, seraient prêts à faire des folies. Douze Mémé, incroyable. Heureusement nous étions quelques amis présents lors de la performance pour le conseiller et surtout lui recommander quels millésimes privilégier et le quelque rare, tel 1990, qu’il pourrait survoler sans s’y arrêter outre mesure.

PS : il reste à la vente quelques exemplaires de cette œuvre rare.

Cédric TEISSEIRE

www.lastation.org

89 Route de Turin
06300 Nice
04 93 56 99 57

Kopin! et Kopines! en affiche

samedi 5 juin2010

C’est à la Quincave, en présence d’une foule nombreuse

(2000 personnes selon les organisateurs, 4 selon la police)

qu’a eu lieu la soirée de lancement des affiches Kopin! et Kopines!

On a déploré l’absence de notre mannequin vedette, Mimi,

occupé par le tournage d’un film publicitaire pour les produits de beauté GAMAY.

Il a donc été remplacé au coude levé par notre ami Fred,

dont la beauté fiévreuse d’adolescent fait merveille,

en compagnie de Jacques Ferrandez, qui a bien voulu offrir son cachet.

Philippe Quesnot était hélas également absent, très impliqué dans

son combat humanitaire aux côtés de l’organisation ACTION CONTRE LA SOIF.

Les plus belles femmes de Paris s’affichaient dans des tenues provoquantes,

leurs formes moulées dans des pyjamas EUGENE & Cie.

Comme souvent dans ces soirées torrides, l’apothéose fut le concours d’affiches mouillées.

GLOUGUEULE rend hommage à Dennis Hopper

mercredi 2 juin2010