La Chassagnette d’Armand Arnal

Une première rencontre au « Gibolin » de Luc DESROUSSEAUX à Arles m’avait inspiré tout de suite confiance. L’homme avait au visage un grand sourire, une jovialité qui inspirait la franche camaraderie. Le fait que j’aie réussi à lui recaser mon vieux trancheur à jambon à prix d’or n’a rien à voir avec les sentiments que je ressentais à son endroit.

La livraison de cette petite merveille fut l’occasion de découvrir son restaurant caché au beau milieu de la Camargue. Le lieu, l’accueil, la simplicité et l’efficacité du service, le menu à prix très doux du midi avec des portions qui ne servent pas à colmater les dents creuses, où les stries de balsamique au fond de l’assiette ne font pas office de trompe-l’Å“il,  la carte des vins qui laissait entrevoir une volonté d’aller vers des cuvées de libre expression, le grand mur de feuilles sèches, la pluie au dehors, le feu dans la grande cheminée et une excellente cuvée Jadis de la maison Barral nous donnaient comme une envie de prolonger l’instant. Restait à ne pas payer pour que l’après-midi soit parfaite. Ce qu’elle fut grâce à la générosité de ce célèbre capitaine de vaisseau qui engrange de colossaux droits d’auteur par la pratique occasionnelle de la bande dessinée. Cette difficile journée s’acheva en apothéose chez Karina et Guillaume Lefebvre du Domaine de Sulauze à Miramas qui nous régalèrent d’un délicieux repas brésilien, mais ceci sera l’occasion d’un autre épisode de nos trépidantes aventures avec de vraies cascades non doublées.

Troisième rencontre avec Armand ARNAL. Dimanche dernier, nous étions sept jeunes et fringants quinquagénaires réunis là suite à une voix qui en avait interpellé un en ces termes :  » Dimanche 6 Juin en ce jour souvenir de 1944, à la Chassagnette vous débarquerez! » J’avais bien reconnu le chevrotement de la voix et dans nos familles quand le Général parlait on se taisait et on faisait qu’est-ce qu’y disait. Concentrés, à la limite du recueillement, nous nous sommes promenés avant d’investir les lieux dans l’immense potager, et comme nous l’avait demandé le Grand Charles, nous avons débarqué à 12h30 exactement. A l’apéro Mimi qui, en dehors de jouer les jouvencelles dans les défilés de mode, est surtout un homme de mer, nous fit rapidement remarquer que la cuvée « Le Briseau » de CHAUSSARD et GAUBICHER revenait toutes les trois bouteilles, ce qui, d’après sa grande expérience, présageait un tsunami. Une grosse pluie nous fit effectivement quitter la terrasse et nous obligea à nous replier à l’intérieur. Mais nous ne sommes pas hommes à reculer devant l’adversité et pour bien montrer notre détermination au Maitre des Éléments nous avons opté pour un menu dégustation à rallonge. Ce qui s’ensuivit reste du stricte domaine privé et, à l’image de notre grande équipe de France, nous ne voulons pas dévoiler nos schémas tactiques. Sachez seulement que nous fumâmes un excellent « Ramon Allones » en terrasse en attendant l’heure déchirante de la séparation.

Une réponse à “La Chassagnette d’Armand Arnal”

  1. mialhe michel écrit :

    Comme l’a suggéré un de vos camarades Saké des liens à la Chassagnette.
    L’alcolyte du grand brun avec des yeux bizarre sur la photo( sûrement le foie).

    Et moi qui croyais faire une affaire sur le trancheur

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