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« Tu Peux R’Boire » à Valvignères.

vendredi 13 décembre2013

« Didon Gérald! Que dirais-tu si nous amenions l’agneau et que tu fournisses le vin? » C’était parti. Une petite soif, l’envie de revoir les Z’Oustric, la joie d’avoir résisté à la canicule de l’été précédent, toutes ces sortes de choses qui, agglutinées, vous cautionnent tout futur débordement, comme un besoin nécessaire et le plaisir de sentir qu’attablés nous sommes plus forts et moins sujets au tangage dû à ce vent ardéchois.

Loïc Roure, Edouard Laffitte et Eric Pfifferling dégustent et dégustent et dégustent encore. On se sait jamais.

Loïc Roure, Edouard Laffitte et Eric Pfifferling dégustent et dégustent et dégustent encore. On se sait jamais.

Plouf! Plouf! C’est toi qui t’y colles. L’agneau ne semblait pas d’accord, ou alors j’aurais mal interprété ses bêlements, toujours est-il que le Père Mocque ne lui a pas laissé le temps de la réflexion. La dernière goulée d’herbe fraiche et direction le laboratoire normé « Bruxelles ». Anesthésie locale d’une légère chiquenaude à la masse, en moins de cinq nous avions un puzzle pour apprenti boucher délicatement disposé en cagettes bois. Toujours l’obsession de la norme, le bois capte mieux les bactéries. Il est vrai que le Père Mocque est un fervent partisan des levures indigènes et ce ne sont pas les crottes de poule délicatement déposées sur la table de la salle à manger qui me démentiront. « Grâce aux têtenocrates de Bruxelles vous crèverez les boyaux bien propres, rincés à la Javel! »

Avec Gérald et ses amis nous devions à tout casser atteindre la vingtaine. On ne sait trop comment, le bouche à oreilles, le téléphone ardéchois, toujours est-il que d’entrée nous nous sommes retrouvés au moins le double pour finir au triple si ce n’est plus. 2004 c’est la sortie de nos polos « Tu Peux R’Boire », avec Jacfé et Rénato, nous avions commis l’erreur grossière de les porter. Je me retrouvais au service en salle, tandis que mes deux associés officiaient à la rôtisserie. Par bonheur Gérald nous abreuvait en continu de Valette, Roure, Pfifferling, David, Dutheil, Laffitte, Souhaut et tentait d’atténuer les effets désastreux du soleil et du feu conjugués sur nos peaux délicates .

En nocturne Yvon Métras nous administra ses Ultimes sacrements en magnum et nous permit de deviser longuement avec les étoiles. La nuit fut courte et c’est avec un immense plaisir que dès 5h du matin, après avoir perdu mon combat contre un régiment de moustiques, de la fenêtre de l’hôtel j’assistai au démarrage calamiteux du tracteur de celui qui serait dorénavant l’inspirateur de mes futures séances vaudou. Nous prîmes la route du retour un  peu sonnés. A la sortie de Valvignères, en souvenir de ces moments intenses, un de mes camarades déposa une gerbe sur le bas-côté. Trop sensible le bougre, il s’est cuirassé le système hépatique et suit désormais sans problème n’importe quel marathonien de comptoir. Depuis 2004 les réunions se sont plus ou moins espacées mais perpétuées pour aboutir à ce qui fut début août le Salon des Vignerons Ardéchois.

Et encore merci les Z’Oustric!

Domaine du Mazel

07400 РValvign̬res

Tél : 04 75 52 51 02

Où est Mimi ?

samedi 17 août2013

Afin de vous faire patienter en attendant la rentrée et son flot habituel d’articles plus drôlissimes et intéressantissimes les uns que les autres, Glougueule vous propose son jeu de l’été.

Saurez-vous retrouver dans cette foule compacte photographiée lors du Salon des Vignerons Ardéchois de Villeneuve de Berg notre mannequin vedette?

17 vignerons ardéchois se sont retrouvés le lundi 5 août.

17 vignerons ardéchois se sont retrouvés le lundi 5 août.

Du Chave à Thorrenc

lundi 21 janvier2013

J’avais au fond des oreilles, à mesure que nous nous engagions dans cette vallée, comme un air de banjo qui s’énerve, ne tardant pas à recevoir en écho le renfort de son jumeau. Je guettais par la fenêtre, à travers les premiers flocons, l’apparition de l’enfant albinos. La nuit tombait et avec, la sensation que l’heure du retour se confirmait, indéfinissable. La perspective de ce repas à l’Auberge de Thorrenc, la chaleur enveloppante dans cette voiture, la neige et puis surtout  cette phrase en boucle de René-Jean Dard qui résonnait : « Vous verrez, il y a du Chave à 500 F sur table » avaient installé un climat de molle frénésie. À la lecture de la carte, nous avons compris qu’il nous fallait absolument trouver où dormir dans le village.

« Ah! c’est dommage! Il y a bien des chambres d’hôtes mais elles sont fermées depuis peu! » Après coups de fil, négociations et suppliques diverses, une charmante dame nous a donné les clefs d’une maison, nous précisant que nous avions de la chance car il y avait suffisamment de chambres et de lits pour nous quatre, mais qu’il ne faudrait pas lui en vouloir, le chauffage étant coupé depuis quelque temps, nous risquerions d’avoir froid.

Aucune inquiétude à ce sujet, persuadés que la soirée nous donnerait l’occasion d’alimenter la chaudière. Un soir de semaine en hiver dans une auberge au fond d’une vallée de l’Ardèche, voilà le secret pour ne pas être dérangés par vos voisins de table et bénéficier de toute l’attention des propriétaires. Seuls clients, installés à côté de la cheminée, à proximité de cave et cuisine. Vous dire ce que nous avons mangé et bu serait mentir éhontément, à part le Chave « qui en a pu ».

Je me souviens des ris de veau. Je me souviens qu’après avoir largement visité la carte des vins, nous avons proposé à nos hôtes d’ouvrir une ou deux bouteilles, peut-être même plus, rapportées de notre périple; que la pente enneigée était très piégeuse; qu’après avoir fait plusieurs fois le tour de la maison, nous avons constaté qu’elle ne disposait que d’une chambre et d’un hall avec, en tout et pour tout, un lit deux places et un canapé-lit; que naturellement les couples se sont formés : les anciens du Repaire de Bacchus et qu’il me restait mon Grofé à moi, fidèle compagnon de déroute; qu’un lit de 120 pour deux tourtereaux qui tutoient le quintal favorise une trop grande promiscuité; que les tympans de mon ami ne supportant pas mon léger feulement nocturne, Grofé s’était transformé en tête de veau, les oreilles farcies au papier toilette rose; que d’un commun accord, tous les quatre, nous avons décidé de ne jamais évoquer cet épisode.

Et c’est à l’occasion du projet de loi sur le mariage pour tous que je me sens autorisé à rompre le silence. En avance sur notre temps, nous étions bien ce soir là quatre glaçons dans le vin.