Articles avec le tag ‘michel jean’

Comment conserver vos cigares ? Le Professeur Bernard P. répond en exclusivité pour Glougueule.

lundi 9 septembre2013

Depuis qu’à la déjà longue liste de mes indélicats penchants, certains de mes « amis » ont ajouté la combustion lente de feuilles de tabac amassées de façon ordonnée et cylindrique, je recherche tout enseignement susceptible d’améliorer mes faibles connaissances en ce domaine. J’ai ainsi récemment bénéficié des savants conseils de Monsieur Bernard P., rencontré en son domaine ligérien de Montsoreau. Je tombais à point nommé, le Professeur venait de tester une nouvelle méthode de réhydratation sur un magnifique sujet : double corona « Hoyo de Monterrey » issu des meilleurs terroirs cubains. Celui-ci avait passé tout un après-midi à se prélasser sur le tableau de bord de sa rutilante automobile. Autant un chien ou un enfant le supporteraient, autant notre délicat cigare n’avait-il pas du tout apprécié le traitement qui lui avait été réservé. Aux grumeaux, les grands remèdes. Monsieur Bernard eut l’idée de le ranimer en le plongeant quelque temps dans la douce moiteur d’une de ses caves troglodytes. Il en est de la cuisson des dorades coryphènes* comme du temps indispensable pour ramener un cigare à la vie, tout est question de subtile durée. Monsieur Bernard P. et notre Mimi ne sont pas amis de longue date pour rien et ont dû fréquenter les mêmes établissements. Là aussi la mesure était dépassée et ne restait comme dernière et fatale issue qu’un digne enterrement.

« Odieux de M’enterrer » est son épitaphe.

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*voir cet article sponsorisé par Biafine, datant de décembre 2011.

https://www.glougueule.fr/2011/12/un-diner-presque-parfait/

Où est Mimi ?

samedi 17 août2013

Afin de vous faire patienter en attendant la rentrée et son flot habituel d’articles plus drôlissimes et intéressantissimes les uns que les autres, Glougueule vous propose son jeu de l’été.

Saurez-vous retrouver dans cette foule compacte photographiée lors du Salon des Vignerons Ardéchois de Villeneuve de Berg notre mannequin vedette?

17 vignerons ardéchois se sont retrouvés le lundi 5 août.

17 vignerons ardéchois se sont retrouvés le lundi 5 août.

La Méthode à Mimi.

lundi 29 juillet2013

 Sachant que le taux d’alcoolémie ne décroit que de 0.1 g/h, comment évaluer son taux précisément? Entre se cramponner au bastingage et s’accrocher à la moquette afin de maintenir son équilibre, combien de verres? Il est urgent de mettre en place des stratagèmes à la hauteur des risques encourus.

De La Seyne sur Mer me sont toujours parvenus des vents porteurs d’innovation. Je suis donc allé m’enquérir auprès de mon guide spiritueux. J’entrechoquai, comme convenu, mes deux magnums afin que le portail s’ouvre.Le Maître m’attendait pensif dans la position du rouleau de lotus.

Sa totale maîtrise du feulement nocturne m’en avait déjà fait mon maître à pioncer, mais cette fois son ingéniosité allait me laisser pantois. Il me dit que ma chance était grande car l’arrivée sur son lit, son canapé, son fauteuil, sa balancelle d’un nouveau compagnon à quatre pattes serait l’occasion pour moi d’appréhender au plus près sa méthode. « Vois-tu, PQ, cette année pour les boxers les noms commencent par la lettre « I ». Tu choisis un nom rare et très difficile à prononcer : Ikéa, non, déjà je n’aime pas ses sculptures. Iléus, mais là c’est une occlusion intestinale ! Ipéca,beurk ! Idem, il ne viendrait qu’au deuxième appel. Iglou, trop facile et j’ai déjà un chat qui s’appelle Glou, et si c’est pour s’entendre chanter : Iglou et Glou! Ils sont des nÔôotres….Non, merci! Non, vraiment, il te faut un nom à la limite du prononçable. Alors, écoute bien, j’ai trouvé « Iskra ». Cela veut dire « étincelle » en russe, c’était un journal de blagues révolutionnaires dirigé par Lénine. Vas-y, essaie de dire « Iskra » distinctement, tu verras que ce n’est pas zaisé. Le chien de Mimi

Là, le plus difficile est fait, il ne te reste plus qu’à équiper ton chien d’un collier muni d’un mousqueton. Maintenant, imagine que tu te rendes par inadvertance chez un de tes amis vignerons et que tu sois contraint de boire afin de lui être agréable. Tu sais pertinemment qu’il risque fort d’y avoir un avis de tempête au moment du retour. Que fais-tu? Hé bien, c’est là que la méthode à Mimi intervient. Car dès en arrivant, tu passes ton trousseau de clés dans le mousqueton du collier d’Iskra, ensuite tu te soumets à tes obligations amicales, donc tu goûtes tous les tonneaux et regoûtes et aussi en bouteille et aussi les grandes bonbonnes en verre et cette chose délicieuse dans ce vieux foudre caché au fond de la cave qui te susurre que le temps de t’installer à l’ombre pour faire de la fumée est venu. La soirée est agréable, les vins à la hauteur de l’instant, le temps se prolonge et au moment de partir, quand l’aube point, tu penses que pour une fois tu as été raisonnable, que ce ne sont pas ces quelques bouteilles que tu as ingurgitées qui ont pu altérer ton incroyable don pour la conduite sportive à l’aveugle. Tu fais le tour de tes poches, repoches et tout à coup tu te souviens que tu as accroché les clés au collier du chien. Après avoir retrouvé son nom tu commences à l’appeler « Ichtra! Extra! Ispra!… » mais de chien, nulle trace car tu prononces mal son nom, et tant que ta bouche sera pâteuse, il en sera ainsi car tu es au delà de la limite admise. Ton chien ne viendra pas. C’est scientifiquement prouvé. Plus tard, en fin d’après-midi, quand ton taux sera repassé sous la barre des 0.5g/l, tu verras qu’il te sera zaisé de prononcer clairement « Iskra! » Et tu pourras enfin rentrer chez toi et me dire « Merci Mimi! »

Les dessus de Table. La Galerie du Miam

mardi 16 avril2013

Il ne suffit pas de stocker la matière, multiplier les repas, en amonceler les photos, encore faut-il avoir du goût, et franchement ce n’était pas gagné. (suite…)

De la bougnette considérée comme un des beaux-arts

dimanche 2 décembre2012

L’influence de notre mannequin sur la course du monde et plus particulièrement celle des arts est incommensurable. Karl L. nous l’a rappelé pour la haute couture. Nous savions pour la sculpture et la peinture, mais pour la littérature? Qui savait?

La parution prochaine aux Éditions de l’Épure de son roman autobiographique : »Les Particules Alimentaires » nous révélera les origines profondes de sa quête obsessionnelle de la tache parfaite et la raison pour laquelle il a choisi « Houellebecq » pour pseudonyme. D’après C. sa femme, qui tient à garder l’anonymat, il semblerait que cela remonte à sa petite enfance lorsque sa mère, fort sévère, lui hurlait : »Michel, où est le bec? Où est le bec? » à chaque fois qu’il s’emplâtrait la devanture.

Le Club des Zincs fait du bateau

mardi 9 octobre2012

« Didont PQ, tu bosses demain? » …. »Eeeeuh! Non… Pourquoi? » … » Ça te dirait une petite balade en bateau du côté de Porquerolles? ». Cette sollicitude me touchait, cela me faisait plaisir que Mimi ait tout de suite pensé à moi pour aller boire en mer, mais il y avait dans l’intonation un surplus de velours qui me titillait. » Bon! Écoute… Il faudrait que tu viennes avec une carafe et…. six verres. On dit demain 11 h à la capitainerie du port du Lavandou. » Je le soupçonnais à raison; Mimi m’avait déjà fait le coup de la stoppeuse. Je trouvai Mimi derrière la capitainerie et derrière la capitainerie je trouvai un célèbre peintre de la capitale, un architecte haut de gamme et deux vignerons bordelais et bourgueillois.

Le Club des Zincs avait loué ce bateau, parfait pour la voile, mais complétement inadapté à la dégustation en mer. La veille, la table de camping, exténuée, s’était effondrée, entrainant verres, carafe et vieille cuvée de Selosse. D’où l’appel???

En quelques mots, un de ces loups de mer m’expliqua que l’absence de vent ne nous permettrait pas d’entreprendre cette grande course au large envisagée mais que nous jetterions l’ancre dans une crique toute proche en attendant une météo plus favorable à la pratique sportive de la voile. C’est donc au moteur, sous le plomb de ce terrible cagnard varois que nous sommes allés nous tanquer face au Fort de Brégançon.

Les bruits provenant de la cale me chuchotaient qu’une autre activité sportive avait été prévue. Sans qu’aucun ordre ait été donné, dans un bel ensemble, chacun trouva naturellement sa place et sa tâche. Table, planche à découper, saucissons, poutargue, couteaux, tire-bouchon, cigares, coupe-cigares, chalumeau. Je compris que l’heure était venue pour moi d’entrer modestement en scène, en sortant carafe et verres. Ebloui, j’avais face à moi une des formations les plus renommées qui existent. Que ce soit en formation ou en solo, chacun avait laissé son empreinte. Dans tout Paris, bon nombre de lieux de la nuit gardent encore les traces de ce quintet mythique.

Ce furent deux jours de rêve pour un modeste amateur comme moi. J’en profitai pour bien étudier leur technique, décomposer leurs gestes. A ce niveau de perfection, le don et l’inné ne suffisent plus, seul le travail permet d’atteindre ces sommets. Le temps et les circonstances ne les autorisent plus à se produire aussi souvent dans la capitale, mais si vous avez l’occasion d’assister à une de leurs sessions, foncez, c’est un spectacle rare, émouvant et d’une immense beauté formelle.

Mimi, profession mannequin

lundi 10 septembre2012

Un jour vient le temps du désamour. Alors, plus rien ne compte, on est prêt à tout pour tourner la page. On ne recule devant aucune bassesse.

Il s’en est fallu de peu ce matin-là. Cinq minutes, cinq petites minutes et la face de la mode en eût été changée à tout jamais. Il eût suffi que Karl ne prenne pas ce dernier café-calva pour se donner du courage avant de reprendre la route, pendant que Mimi attendait, tête basse, dans la mercedes. Sans ces cinq minutes, l’accident n’aurait pas eu lieu, Mimi se serait inéluctablement acheminé vers un lugubre destin.

Mais on ne se sépare pas si facilement de son mannequin emblématique, toutes ces années, ces défilés, ces moments de gloire.

1976 et cette collection intitulée : « Taille Unique », caractéristique principale : les mensurations requises 90-100-90.  « La Ligne Tonneau ».

1981 : Mimi qui menait en parallèle sa carrière de sculpteur, proposa à Karl le thème de l’emmaillotement. Les doigts éclatés habillés de bandelettes sanguinolentes inspirèrent Karl. « La mariée accidentée » fut incontestablement le clou de cette collection.

Et puis l’arrivée de l’éblouissante Inès de la Fressange, sa jeunesse, sa fraicheur et lentement, insidieusement Karl en vint à envisager la séparation.

Toujours est-il que par ce froid matin de janvier, lorsque vers 8h, Karl, parfumé au calva, percuta l’arrière de ma voiture, il était sur la route de la maison de retraite. Mimi, le nez éclaté, essayait tant bien que mal de contenir le flux sanguin, pendant que la Walkyrie lui braillait « Achhh! Mimi! Zaitu qué zai imbozible de vaire bartir du zang zur du guir blanc! Mimi ! ché déviens vou akozdédoi!  « . Touché par le désarroi du mannequin, je proposais mon aide. « Achh! Foubouvais pien en vaire zeguefoufoudrez, léméner à labattoir ou à la maizon de redraite! Bais tanzekala foutefrez brévoir eine tétomagement! »

C’est donc au poids et contre quelques billets de 100 que je sauvais Mimi d’une fin triste et longue comme un jour sans vin.

Depuis cet épisode, Monsieur Tolmer et moi-même le soignons, il a repris goût à la vie, son poil est à nouveau brillant et soyeux. Ah! il faut le voir gambader dans les caves la crinière au vent, marquant du pied les barriques où il décèle la moindre trace de volatile et de s’en délecter. Quand dans ses beaux yeux innocents, vous lisez cette joie de vivre, vous vous dites que votre passage sur terre n’aura pas été vain. Alléluia au très haut des cieux, Mimi est parmi nous!

Trois hommes en Collioure

mardi 21 août2012

De Collioure, après une heure de petites routes en lacets et un franchissement de frontière, même pas clandestin, nous étions en Espagne. C’est en file indienne que nous avons longé les murs des maisons basses d’Espolla, évitant au maximum la brûlure de ce soleil infernal. Habitué des lieux, Vincent entra le premier et entama la conversation en catalan avec le patron dont le ticheurte, déformé par les abdominaux, racontait la vie de ce printemps 2012. A peine installés dans la salle climatisée, la bouteille de rouge frais arriva en guise d’apéro. Ici pas de carte, pas de menu, il s’agit d’un restaurant de campagne, cantine des ouvriers du coin. Tomates, salade verte et un cortège de charcuteries locales, saucisson, boutifar, andouille,…. Pas loin derrière, une platée de délicieux petits escargots puis une tortilla accompagnées de la deuxième bouteille. L’ambiance sonore du lieu allait croissant à mesure que les bouteilles de la dizaine de table se vidaient. Tout le monde n’en était pas au même point. Visiblement les quelques gouttes de café que nos camionneurs de voisins ajoutaient à leur whisky leur échauffaient les oreilles, les obligeant à hausser le ton après chaque tasse. Pour nous ce furent de délicieux rognons de porc et une troisième bouteille. Mimi ayant réussi à conserver sa chemise intacte se lança le défi du jour en attaquant, par la face sud, un pied de porc à main nue et sans serviette. Moi je me suis rué sur un poêlon dans lequel des filets de morue avaient mijoté lentement accompagnés de tomates, oignons et olives noires. Le souvenir de ce plat reste très intense, les saveurs étaient fantastiques, l’ensemble avait pris tout son temps pour réduire et délivrer tous ses arômes et comme je sais me contraindre pour garder mon allure de jeune homme, j’en repris deux fois. Ce qui fait trois, je crois. Et quatre pour les bouteilles de rouge. La suite prévoyait une entrecôte et le patron regretta que Vincent ne l’ait pas prévenu car il nous aurait cuisiné une paella dont il a le secret. Repus je me trainais jusqu’à la caisse pour régler la note. Tout en marmonnant, le patron griffonna sur la fiche le montant : 102€.

102€ pour six, rien à redire, vraiment je ne peux pas dire que l’ibère ait été rude.

Restaurant ca la Manela РPla̤a del Carmen Р17753 Espolla

Heavy méthane

samedi 14 avril2012

A quoi bon vieillir si l’expérience ne nous apporte pas au moins une once de lucidité ? Mais moi, crétin que je suis, j’aurais dû m’en douter, le parcours était balisé, les indices pullulaient et je n’ai rien vu venir. Le fourbe avec sa petite face de poupon à bouclettes m’a bien berné.

Deux fois de la salade de pois chiches aurait déjà dû m’alerter, une pleine assiettée de gratin de choux-fleur et pour couronner le tout, ma fiancée qui lui prépare ces petits beignets de farine de châtaigne dont il raffole, il avale ça comme des cacahuètes. Pour avoir une idée de ce qu’il en ingurgite, il faudrait installer un compteur à l’entrée du gouffre. Content et repu, l’infâme m’a souhaité une bonne nuit et surtout de bien en profiter car « Demain la route sera longue! »

En effet J.C. avec ses treize stations peut remonter sur sa croix, moi c’est le trajet entier qui fut un calvaire. L’homme, sous prétexte qu’il entend mal, a nié toute production personnelle. « Si tel était le cas je l’aurais quand même bien entendu! Faut pas exagérer! PQ, tu énerves à la fin! » Certains lui trouvent la mine légèrement couperosée, soyez attentif ! Surveillez-le bien ! Ce sourire béat, la face qui rougeoie et cette décompression des joues, suivie d’un souffle d’aisance infinie. Cela ne vous rappelle rien ? Souvenez-vous de bébé dans son berceau, sa face réjouie et empourprée, le petit rictus qui apparait soudain, la crispation des muscles puis l’infernal fumet et le relâchement lumineux de sa face d’ange. Ça y est, vous y êtes ? Eh bien pour moi, Poupon la Peste a renouvelé la performance durant toute une journée entre Nice et Bourgueil. Je suis sûr qu’à plusieurs reprises, j’ai involontairement battu des records d’apnée.

Mimi, homme de voile, fils d’Eole, roi du vent.

A ce niveau de production, il ne faut plus gaspiller. Un gazoduc La Seyne – Fos serait d’un excellent rendement, joli complément de retraite. Pendant un temps, j’ai craint pour ma santé. Les yeux me brulaient. La gorge irritée,  je vacillais. Monsieur mange exclusivement des produits bio, cela pose problème et demande indubitablement réflexion. Quel peut être le parcours interne de ces aliments? Y-a-t-il une dérivation qui leur ferait emprunter un trajet inconnu de la science? Un passage secret qui passerait par l’enfer du décor ? Comme dit son ami Karl Lagerfeld « Archhh! Mimi quel immenze myztère! »

Un dîner presque parfait

vendredi 30 décembre2011

Lorsque Mimi m’a appelé pour me dire qu’à l’aide de sa carte bleue, il venait d’attraper une magnifique daurade coryphène congelée, j’ai tout de suite compris qu’il me sollicitait pour jouer les petites mains. J’ai sorti ma perruque blonde et pris la route de La Seyne sur Mer. La daurade coryphène en pâté, beaucoup pensent que cette recette est d’une facilité enfantine, il n’en est rien. Le temps de cuisson est très important, je dirais primordial, un quart d’heure manque et c’est la catastrophe, vous vous retrouvez avec une chair nacrée et délicate dont le goût tout en nuances s’accompagne d’arômes finement iodés, beaucoup trop subtils.

Pour éviter cette erreur de débutant, Mimi a un secret. Il prend pour unité de temps l’apéro qu’il subdivise en X bouteilles selon la taille du poisson. En l’occurrence, il considéra que celui-ci nous imposerait deux, voire trois bouteilles. Après une Bodice d’Hervé Villemade et une Bubulles des Jousset, il prit soin de piquer la chair afin d’en vérifier la fermeté. Sous la pointe du couteau, l’arête résistait toujours. Sage, il prit le parti d’assurer au mieux le succès de ce mets de roi en sortant Les Béguines de La Closerie. Une mise ancienne qui était à la mesure de l’instant : parfaite. Cette dépense somptuaire nous priverait du caviar et du foie gras, mais elle nous permettrait d’atteindre le temps de cuisson parfait.

Nous finissions juste cette troisième bouteille qu’il se levait en braillant « Oh! P….! la daurade ! » Il renversa délicatement chaises et table pour ouvrir dans l’urgence la porte du four. Et comme en ce moment, il préserve son bras gauche de tout effort en le maintenant dans le plâtre, il me jeta un torchon et cria : « Sors-la vite ! Sors-la vite! Elle va être trop cuite ! ». Optant pour la brûlure au deuxième degré, je repliai le torchon et me saisis du plat tout en poussant un cri violent qui exprima toute la tendresse que je vouais à mon ami.

Nul n’était besoin de se précipiter, la cuisson était parfaite. La daurade s’étiolait magnifiquement dans le plat, faisant avec les quelques légumes qui avaient survécu un amalgame flasque du plus bel effet. La chair avait acquis cette légère nuance marronnasse gage de saveurs exceptionnelles à venir. Et effectivement, la vue n’avait rien à envier au goût. En bouche c’était….hum! comment dire ?….les mots me manquent pour exprimer au plus près les sensations gustatives que m’a procuré cette merveille. J’hésite entre deux nuances très proches. Difficile un jeudi d’émettre un avis qui pourrait, mal interprété, être perçu comme une remarque à la limite de la désobligeance par le Raymond OLIVER de La Seyne. Il faut dire, à sa décharge, que mes doigts enduits de Biafine ont pu dénaturer la délicate palette des saveurs.

Catherine LANGEAIS-QUESNOT