Archive pour mars 2010

Le geste qui sauve.

mercredi 31 mars2010

RĂ©nato Bellamousicatchitchi, originaire de l’Ile d’en face, me racontait l’autre jour qu’il devait la vie Ă  un de ces amis qui avait eu la prĂ©sence d’esprit de le pousser violemment sur les premiers rangs lors d’un concert oĂą il s’Ă©lectrocutait consciencieusement pendant que la foule en dĂ©lire, les oreilles hallucinĂ©es, croyait assister en direct Ă  la rĂ©incarnation de Jimi HENDRIX .

A quelques dĂ©tails prĂ©s j’ai assistĂ© au mĂŞme spectacle Ă  Castelnau le Lez au Salon du Vin de mes Amis de Charlotte SENAT. Avec Antoine ARENA nous Ă©tions en plein labeur, quand passant pour la Xième fois devant le comptoir d’AgnĂ©s et Jean FOILLARD, Antoine effarĂ© me dit : « Keno, regarde ce qui arrive Ă  Jean,…. il faut faire quelque chose ! » Et lĂ , n’Ă©coutant que son courage, qui est grand en ce domaine, Antoine se prĂ©cipite sur Jean et lui dit : « Jean ! Prend ton verre et viens goĂ»ter avĂ© nous, tu vas pas passer ta journĂ©e Ă  faire dĂ©guster, demande Ă  Agnès qui fume dehors de venir te remplacer! » Eh bien, mes biens chers frères, ces simples mots ont suffi Ă  sauver Jean. Saint Martin partageait son manteau, Antoine partage le travail. Merci Seigneur ! Halleluiah ! Christ est grand ! Antoine son prophète, Jean son disciple.

Manu Chavassieux Ă  la Nouvelle Mairie

jeudi 25 mars2010

Il faut l’avouer, certains n’ont pas des mĂ©tiers faciles. Il y a les reporters de guerre en Afghanistan, et il y a Manu Chavassieux. De son prĂ©cĂ©dent mĂ©tier*, coutelier (le 9.47, c’est lui), il a appris Ă  regarder le risque au fond des yeux. Puis il a appris Ă  regarder tout court, Ă  travers l’objectif d’un Nikon F6. Et ces derniers temps, il est allĂ© traquer les grands fauves du vin naturel Ă  Paris, bistrotiers ou cavistes. Il en faut, de la patience, du sang-froid pour approcher ces mammifères sur leurs territoires, au bord de leurs points d’eau ( façon de parler), guetter parfois jusqu’au petit matin le geste fĂ©lin, le rugissement de l’animal assoiffĂ© oĂą se rĂ©vèle la noblesse du monde naturel! Et pour tenir dans son viseur, sans trembler, un ĂŞtre capable Ă  tout moment de vous envoyer une dose mortelle de vin sans soufre, faut du courage!

Manu Chavassieux conçoit la photo comme les vignerons que nous aimons conçoivent le vin, sans triche. Il travaille Ă  l’ancienne, en argentique, mais sait aussi se servir des techniques les plus modernes. Venez admirer ses beaux portraits  Ă  partir du 29 mars sur les murs du CafĂ© de la Nouvelle Mairie, 19, rue des FossĂ©s St Jacques Ă  Paris Vème.

*qui va peut-ĂŞtre le redevenir…

Roch in Villars sur Var

vendredi 19 mars2010

« Le vin est toujours plus rouge dans le verre du voisin », dit l’adage, dont nous allons de ce pas contrĂ´ler la vĂ©racitĂ©. Depuis de nombreuses annĂ©es nous nous disions qu’il ne serait peut-ĂŞtre pas stupide d’aller Ă  Villars sur Var au Clos Saint Joseph. Une cinquantaine de Kms pour goĂ»ter le seul CĂ´tes de Provence dans les Alpes-Maritimes et faire la connaissance de Roch SASSI, digne fils d’Antoine lui mĂŞme fils de …son père, car il y a comme ça quatre gĂ©nĂ©rations de vignerons qui se succèdent depuis un siècle; voilĂ  la pĂ©rilleuse mission que nous nous Ă©tions fixĂ©e en ce mardi hivernal et ensoleillĂ©.

Roch SASSI pour que vous puissiez vous faire une idĂ©e ce serait un peu Grand Corps qui Pète le Feu, pour la voix et la stature; l’air frais de la montagne, la nature, les bons produits du terroir l’ont de toute Ă©vidence prĂ©servĂ© des maladies. Il n’aura pas fallu le temps que met un glaçon Ă  fondre dans le caleçon d’un sĂ©minariste irlandais Ă  la vue d’une nouvelle recrue dans le corps des enfants de cĹ“ur pour qu’entre lui et nous le courant passe. Nous, c’Ă©tait GrosfĂ©, fiancĂ©e officielle pour les dĂ©placements, Franck CARAMEL, notre assurance tous risques au cas oĂą nous serions amenĂ©s Ă  ne goĂ»ter que des magnums, Romain son jeune sommelier rĂ©cemment embauchĂ© qui ne devrait pas dĂ©cevoir son maĂ®tre. Le premier quintal est dĂ©jĂ  atteint, Romain suit parfaitement son tableau de marche. Roch nous a organisĂ© une belle dĂ©gustation avec quelques vieux millĂ©simes qui nous ont rĂ©vĂ©lĂ© tout le potentiel de garde de ses vins. Nous avons fini par un rouge 1999 qui avait des reflets et un nez qui aurait pu en promener quelques uns du cĂ´tĂ© de la bourgogne.

Afin de dĂ©compresser et Ă©viter un retour trop brutal vers la Civilisation, nous avions embarquĂ© quelques cigares et rĂ©servĂ© une table au Bar des Platanes (Tel : 04 93 05 76 14). Accueil simple et souriant, cuisine niçoise traditionnelle, un coup de blanc du vigneron de l’Ă©tape pour attendre sans trĂ©pigner la daube et ses gnocchis, le sautĂ© de veau, le chou farci, les raviolis maison, le tout arrosĂ© du rouge, frère de l’autre. Je me souviens avoir exagĂ©rĂ© pour finir mais quoi entre dessert et cafĂ© et ses bugnes. En tout cas, au retour, de toute Ă©vidence il y avait surcharge. Nous nous sommes promis de rĂ©itĂ©rer l’expĂ©rience prochainement en organisant un « dĂ©jeuner sur l’herbe » version Glougueule. A suivre…………

Clos Saint Joseph

168 Rue Savel

06710 – Villars sur Var

TĂ©l : 04 93 05 73 29

Une Blonde sans faux-col

jeudi 11 mars2010

RaphaĂ«l m’avait transmis le lien en me demandant d’y jeter un Ĺ“il et si je connaissais. ArrivĂ© sur place je tombais sur une blonde muette, plutĂ´t mignonne,  « Qu’est-ce que c’est-il encore que cette gonzesse qui veut nous causer vin, on a dĂ©jĂ  la AUGEREAU, alors ……. ? » De plus la dame voulait m’entretenir du Mâcon-ChaintrĂ© de Philippe VALETTE. La prĂ©tentieuse, elle voulait m’en remontrer sur VALETTE, vraiment elle manquait pas d’air la blondasse. Y’en a j’dirais pas mais VALETTE, lĂ  si y’en a un oĂą que je suis sous perfusion permanente c’est bien Philippe VALETTE. Question saxophone j’ai un SELMER Mark VI de 1969, cĂ´tĂ© Mâcon c’est VALETTE, je peux en jouer les yeux fermĂ©s, pas d’erreur possible je connais sa gamme sur le bout des papilles. A reculons presque, je demande au mulot d’envoyer la musique. Ça commence par quelques notes très entrainantes associĂ©es Ă  un dĂ©filĂ© de bouteilles aux couleurs flashy, le tout avec une qualitĂ© d’images exceptionnelle. Ça commence mal. La blonde que j’ai en face de moi et qui me dĂ©vore littĂ©ralement du regard s’appelle AURELIA, elle s’anime soudainement et lĂ  je dois dire que d’entrĂ©e elle m’a scotchĂ©, c’est vif et prĂ©cis, drĂ´le, elle ne nous prend pas les neurones en otage avec des termes techniques lĂ©nifiants et pompeux, c’est simple, tout le monde comprend. Elle a compris, tout compris. A tel point que son blog « busurleweb » a reçu le Wine Blog Trophy 2010 au Salon des Vins de Loire Ă  Angers fin janvier. Comme le disait Mimi l’autre jeudi « Bbbrrr vraiment c’est dur Ă  dire, mais il faut le reconnaitre c’est bien…….pour une fille,….. blonde de surcroit ! » Hormis le cĂ´tĂ© machiste de notre mannequin vedette, je partage sa pensĂ©e.

Bravo AURELIA et bonne chance !

Mon méat coule pas.

samedi 6 mars2010

Parfois, l’ardeur que l’on met dans une discussion pour imposer ses vues est dĂ©mesurĂ©e. L’ambiance, les personnes, le sujet, le lieu, tout concourt Ă  l’excès. J’Ă©tais, il y a peu, nuitamment invitĂ© chez mon fiancĂ© « officiel », je ne sais si c’est la prĂ©sence d’une plus ancienne, une certaine RĂ©gis de Dijon, ou l’excellent « Verre des Poètes » d’Emile HĂ©rĂ©dia que j’avais bu, toujours est-il que je me sentais comme Jean-Baptiste BOTUL, prĂŞt Ă  disserter de tout et surtout de rien avec n’importe quel BHL de bastringue. Pour me venger de la prĂ©sence de cette autre

just'Ă  l'ombre

j’amenai la conversation sur « Saint Auban », sujet sensible s’il en est. Outre le paĂŻen charitable tel que le dĂ©crit ce sacrĂ© vieux « Bède le VĂ©nĂ©rable », son biographe, Saint Auban est un petit village des Alpes Maritimes qui voit sĂ©vir sur ses terres montagnisantes la famille FERRANDEZ depuis un demi-siècle. Au dĂ©but FERRANDEZ Père fut le bienvenu dans le quartier, il acheta ce fichu terrain situĂ© plein nord Ă  l’ombre d’un bout de colline humide. Humide n’est peut-ĂŞtre pas le terme exact pour dĂ©finir cet amalgame tourbeux et glaiseux gorgĂ© d’eau glaciale, mais bon. Après vint l’idĂ©e d’y construire un chalet, donc. Vu la configuration des lieux, il a dĂ» quelque peu hĂ©siter entre maison et bateau. La maison l’emporta. Quoique… Enfin le rĂ©sultat est un sage compromis, Ă  savoir un lieu convivial fait de bois qui laisse passer le vent et de fenĂŞtres qui laissent pĂ©nĂ©trer le froid; oĂą rien ne peut se flatuler sans ĂŞtre entendu de la communautĂ© prĂ©sente.

La tribu ferrandezienne reste très attachĂ©e Ă  ce lieu, tĂ©moin d’un passĂ© heureux oĂą les vacances scolaires rythmaient ces joyeuses transhumances entre Nice et St Auban. Le père, amateur de belles amĂ©ricaines, sortait la Cadillac dans laquelle s’entassaient les quatre frères et sĹ“urs et c’Ă©tait parti pour deux heures de voyage Ă  jamais gravĂ©es. C’Ă©tait hier. Jacques je te demande pardon pour avoir par jalousie maladive et maladroite profĂ©rĂ© des injures envers votre maison. On ne touche pas Ă  l’enfance ou alors discrètement. Je tiens Ă  faire ici, publiquement mon Mea Culpa.

Pendant

Surtout que moi aussi je me sens liĂ© Ă  ce lieu. Car St Auban c’est aussi un lieu de prière, de recueillement oĂą nous allons chaque annĂ©e nous ressourcer, puiser au fond de nous mĂŞme cette spiritualitĂ© qui nourrit notre quotidien. Cette retraite nous la pratiquons au printemps quand l’agneau de lait, las de vivre loin des lumières de la ville qu’il sait ne jamais pouvoir rejoindre, de dĂ©pit nous offre son petit corps suave.

Afin d’Ă©lever nos âmes et nos pensĂ©es plus près de Dieu, nous pratiquons la mise en relation avec l’ĂŠtre SuprĂŞme dite « d’Inconscience Horizontale ». Les incrĂ©dules et autres ignares assimilent souvent ces instants Ă  la sieste. Erreur de novice, nous communions. Et que faut-il pour communier ?  Du vin. Du vin et un tout petit peu de pain. Notre Ordre Ă©tant de nature partageuse, chaque annĂ©e des frères d’autres congrĂ©gations nous rejoignent dans la prière, GrĂ©goire de Fronsac, Pierre de RestignĂ©, Yannick de Lille, Michel de Toulon. Nous avons mĂŞme eu, fait unique Ă  ce jour, une prĂŞtresse de la VallĂ©e du RhĂ´ne qui, sous un habile dĂ©guisement, assista Ă  nos cĂ©lĂ©brations sans ĂŞtre dĂ©masquĂ©e (depuis nous vĂ©rifions la nature de nos hĂ´tes).

séance de méditation collective

Ces Ă©changes entre membres de communautĂ©s diffĂ©rentes sont fĂ©dĂ©rateurs et tendent Ă  nous Ă©largir le cercle. Notre mouvement irrĂ©versible est en marche. Pour oĂą ? Pour quoi ? Nul ne sait mais nous y allons en chantant, tels les premiers chrĂ©tiens dans l’arène, « Il est des nÔÔôôôôtres !  » Il en est ainsi chaque annĂ©e Ă  l’annonce du printemps, les six fondateurs de cette cĂ©lĂ©bration ont un lĂ©ger sursaut, signe de la sortie d’hiver, puis un vague frĂ©tillement qui ira  jusqu’aux convulsions frĂ©nĂ©tiques Ă  la veille du grand moment. En ce dĂ©but mars je ressens les signes annonciateurs et vais entamer une pĂ©riode de jeĂ»ne salvatrice.

Merci Frère Jacques !