Il était l’heure de LA dégustation dans LA cave. Il faut le savoir : comme il y a une échelle de RICHTER pour les choses qui bougent, il existe une échelle d’ARENA pour les choses qui coulent dans les verres.
Premier degré, l’entrée de gamme, « L’Américaine ». Boite de coca à la main en machouillant un chouine-gomme. L’heureux participant pourra voir sa durée de visite divisée par cinq, voire dix selon.  C’est gros lot s’il est chanceux et qu’ Antoine est dans un jour grizzly.
Deuxième degré, « La Routarde ». A la question « Que désirez-vous goûter? », répondre laconiquement : « Le blanc ! » ou « Le muscat ! » Si l’on vous propose d’étendre la dégustation aux autres vins, ne vous laissez pas influencer, refusez d’un « Non merci, je n’ai pas le temps ! » Vous pourrez au choix parfaire votre phrase d’un « Pour le rouge, on a amené des cubis de Valfruité du continent » ou tout autre compliment pour les Corses, habilement déguisé.
S’ensuivent quelques autres modèles à options croissant dans le luxe.
Et au sommet de la pyramide il y a « Ze Dégust' ». Celle-ci ne peut avoir lieu qu’au terme d’un marathon de 3 jours avec des conditions climatiques favorables. Vous vivez vos dernières heures sur l’île, l’expédition à Carcoland a été couronnée de succès, les échantillons collectés sont tous compilés dans un excellent état sur le ticheurte de Mimi, la dernière séance s’annonce grandiose. L’agent du FBI a fourbi son matériel, les Américains vont enfin pouvoir apprendre à faire du vin qui se boit. Antoine s’arme d’un seau et d’une pipette, derrière lui se trouvent cinq partenaires d’une drimetime prête à en découdre.
2009 : tournée générale des cuves inox sur les blancs puis les rouges et même le muscat. Tout doit y passer, aucune ne doit en réchapper. Un importateur d’Antoine se glisse dans le peloton à mi-parcours, il ne devra son salut qu’au fameux : « Ma femme m’attend dans la voiture en plein soleil ! » Et alors! En voilà une belle affaire. Vous ne connaissez pas la « Solarobonbonification »?
Au terme de ce premier tour de chauffe nous vérifions le bien fondé de nos analyses en goûtant les mêmes cuvées mais cette fois sur 2008 en bouteille. Miracle de la science, ou bien confirmation de nos talents de dégustateurs, les résultats se croisent et se valident. Du coup, Antoine, voyant qu’il a vraiment affaire à des pointures de haut vol, nous annonce que nous allons terminer par le Saint des Saints. Des petites barriques où dorment depuis des années des microcuvées qui ne verront jamais le jour. Un muscat 2005, un assemblage de 3/4 nielluciu, 1/4 vermentinu qui a existé sous le nom de cuvée « Mémoriam », un pur vermentinu 98 laissé en barrique un an au soleil et cette cuvée 2007 de vieilles vignes de 80 ans en magnum destinée  aux vendangeurs. Nous partirons avec le reste de ce magnum que nous finirons sur le bateau accompagné de charcuterie de chez Mancini, et pour finir un brocciu afin de se rincer les dents.
Comme à chaque fois avec les ARENA, la séparation a été difficile, ces 3 jours passés en leur compagnie auront marqué les esprits et ajouté une nouvelle couche d’amitié. Nous avons profité de la longue période d’attente sur le port de Bastia pour tagger en lettres gigantesques « Liberta per tutt’i vini ! » et sur la voiture neuve de Jacfé « Forza Arena ! »
Toutes les images de ce reportage ont été réalisées avec un appareil CANON, ça va sans dire.