Archive pour mars 2011

ARENA : pour des tenues de bain au plus près du corps

dimanche 27 mars2011

La première fois que j’en ai goûté, c’était au siècle dernier. Un ami avait rapporté de ses vacances corses quelques spécialités. Marc avait allongé sur le grill une dorade royale pour une séance de psychanalyse toute personnelle. Dès que la peau se détache, vous vérifiez la cuisson en piquant avec la pointe du couteau pour atteindre l’arête. En fonction de : c’est cuit ou pas. En attendant la parfaite cuisson, vous vous nappez le fond de l’estomac avec le vermentino des Vieilles Vignes 1995 du Domaine ARENA.

En Corse la qualité de l’artisanat est telle que tout s’ingurgite et se digère avec beaucoup d’aisance, à part peut-être le plomb. Mon ami, voyant que les deux bouteilles n’y suffiraient pas rien que pour la cuisson, eut l’idée de nous faire patienter avec le muscat de la même année. Bon le changement de climat est violent, certes, mais le marin sait s’adapter aux conditions qu’impose la nature. C’était comme un coup de sirocco juste derrière un hivernal mistral.

Kopin riait benoitement déjà quand la dorade cessa de faire sa sainte Blandine pas cuite. La raison pouvait en partie venir du muscat et de la première bouteille de vieilles vignes, mais pas seulement. Toujours est-il que la Blandine juste habillée d’un filet d’huile d’olives et de quelques herbes, accompagnée du vermentino de chez ARENA Antoine, c’était divin.

Marc amena pour finir un fiadone et une bouteille de vendange retardée (y faut pas dire tardive je crois, seuls les Alsaciens ont le droit. Alors que vraiment, s’il y a une région en France où naturellement tout se fait de manière légèrement « décalée » pour ne pas dire tardive, c’est bien la Corse. On leur reproche suffisamment leur nonchalance, pour une fois que cela devient une qualité, on la leur refuse).

Juste derrière il aurait fallu un beau cigare mais malheureusement à l’époque, nous n’avions pas encore ce défaut. Chaque chose en son temps. Aux personnes qui pourraient nous le reprocher je dis :  » Souvenons-nous que le but n’est pas de mourir en bonne santé ! » En tout cas je reste redevable à l’ami Marc DEMOUGEOT d’une belle rencontre gustative qui allait en partie (voir l’article sur M.T. COSTA) déclencher ma tardive vocation. (là tardive je peux dire?)

les dégustations de Mimi, Fifi et Glouglou

mardi 22 mars2011

COSTA, pour une croisière immobile.

mardi 15 mars2011

En ce temps là, Jésus dit à ses apôtres :

« Prenez et buvez, c’est du gamay! »

Alors que j’errais seul en proie au doute* dans le désert de l’incommensurable ignorance : « Bois-je bien Seigneur? L’humble brebis, qui t’implore de l’éclairer, ne s’est-elle point fourvoyée en recherchant aveuglément les étiquettes du CAC40? Parle Seigneur,  je saurai t’écouter et suivre tes commandements! » Et l’Elu de répondre :  » Marie-Thérèse guidera tes pas sur les chemins de la connaissance qui mène à la félicité en passant par plénitude, ivresse et gamma GT ! » « Mais Seigneur où la trouverai-je ? comment t’est-ce que je la reconnaitrai-je ? » « Bon écoute bonhomme t’es gentil mais tu ne veux pas non plus que je boive le coup à ta place ? »  Voilà, en gros, comment Dieu me parla en cette année 1992 :

Il me mit sur la voie par l’intermédiaire du fabricant local de vin :  « Hé ! Toi qui t’intéresse au pinard, à Valbonne y’a une gonzesse qu’a ouvert un bar à vin, tu devrais y aller boire! »  Ce qui fut fait à la première occasion. Marité COSTA, car tel est son nom, évangélisait les peuplades locales dans un petit bar à vins en contre-bas d’une rue du vieux Valbonne. Casse-croûte, charcute et coups de rouge. Durant deux ans, épisodiquement, j’allais me faire reformater le disque à « La Fontaine aux Vins ». En 1994 elle mouva son petit corps quelques rues plus loin, plus grand, mieux placé avec un bout de cuisine. Je devins plus attentif et commençais à comprendre que décidément ce n’était pas pareil.

La révélation vint un midi de 1996. Attablés en terrasse avec mon inséparable Jacfé et un troisième larron, nous profitions d’un joli soleil de printemps quand La Madone de Villié-Morgon nous dit : « Si vous voulez je vous fais goûter un Beaujolais! » Unanimes, à la limite de la condescendance, les trois crétins répondirent : « Heu! Ecoute Marité t’es sympa mais le beaujolais très peu pour nous! » « Non mais là vous devriez au moins y tremper les lèvres, c’est vraiment bon, faites-moi confiance! »   » Ooomaillegode ! Itize pas possible comme c’est bon ! »

Sincèrement je garde en mémoire un sentiment intense de plaisir. En bouche c’était à la fois puissant et gourmand avec une légère sensation de résiduel, un côté grosses cerises surmûries, un rond parfait, pas d’angle d’attaque possible. Comme toute passion dévorante la mienne trouve son origine dans un acte révélateur, véritable pierre angulaire de ma religion. Cette bouteille de Fleurie 1995 fut fondatrice de ma foi naissante. Ne restait plus qu’à pratiquer.

« Didon Marité t’en aurais pas une autre que l’on vérifie un ou deux trucs ? » Embarquement immédiat pour une croisière COSTA avec visite du monde merveilleux du Gamay. Car la belle hôtesse avait une magnifique écurie de course, outre Yvon METRAS  (quand je dis « outre », qu’Yvon n’y voit rien de personnel), vous pouviez y boire Guy BRETON « P’tit Max », Georges DESCOMBES « Le Noune », Jean FOILLARD « P’tit Jean », Marcel LAPIERRE, Jean-Paul THEVENET « Polpo ». Vous comprendrez aisément pourquoi le gamay représente à lui seul un bon quart de ma cave avec quantité de magnums. C’est pourquoi je ne dirai jamais assez : « Merci Marité ! »

A la même époque, 1994, je faisais la connaissance d’Antoine et Marie ARENA, mais là c’est une autre histoire.

*j’ai failli le faire et puis non. Ah! ce fameux doute qui toujours m’étreint.

Je kiffe Lorraine !

mardi 1 mars2011

Il y a des endroits où tu n’envisagerais d’aller que sous la contrainte, à aucun moment ne te viendrait l’idée saugrenue de t’y rendre pour le plaisir. Exemple : l’Est de la France. En gros pour les météorologues de TF1 cela se situe en haut à droite sous les nuages et la pluie. Tu prends la Normandie avec son ciel bas, son crachin et tu remplaces le vert par le gris, tu relis le dernier courrier que t’a adressé ton grand Amour défunt, la bonbonne de gaz à portée de main. Tu commences à percevoir l’idée que je m’en faisais. A moins d’y être condamné, jamais je ne m’y serais rendu. Et puis il en est de la Lorraine comme des pratiques sexuelles : ne jamais dire jamais.

Il était jeune, il devait être beau, surtout son graphisme et son humour m’avaient enthousiasmé. A tel point qu’en cette année 1986 j’achetais deux exemplaires d’un de ses premiers ouvrages. En 1988 j’adhérais à « Marinella », association qu’il fondait avec Kafka, alias Francis Kuntz, entièrement dédiée à Jean-Claude Rémoleux, acteur fétiche des premiers films de JP MOCKY. 1993 et la victoire de Jean Philippe GATIEN aux championnats du monde de tennis de table, et non de ping-pong comme disent les encombrés du bocal, l’échange de quelques bouteilles de vin contre un original paru dans l’Equipe Magazine scella les fondements de ces sentiments qui, si l’on n’y prend garde, peuvent se transformer en véritable amitié. Heureusement nous n’en étions point encore là. Il faudra avant que nos joues ne se frôlassent et que nos lèvres claquassent de concert quelques voyages privés entre grisaille et soleil, plusieurs membres avisés de sa famille ayant adopté à la lettre l’adage d’Aznavour comme quoi les diamants brillent mieux au soleil. Cette première fois je m’en souviens très bien, une fin de journée ensoleillée, le portail s’ouvre et sa silhouette imposante et svelte se détache sur l’azur, ce profil, pour ceux qui connaissent, n’est pas sans rappeler celui de Jacques FERRANDEZ, port altier du chef, taille, carrure, poids sauf peut-être le galbe du mollet qui chez le lorrain semble plus élancé. Dès lors l’histoire s’est accélérée, deux litres plus tard nous avions l’impression d’être de vieux amis, l’âge identique de nos filles, notre goût pour la modération en toutes circonstances et à table plus particulièrement, cet attrait commun pour l’humour ciselé et précieux d’un Professeur CHORON ou pour le trait délicat d’un Philippe VUILLEMIN finirent de me persuader que décidément ce LEFRED-THOURON avait bien du talent y compris celui de me trouver fréquentable. Je profitais de mon statut de secrétaire particulière de J. FERRANDEZ pour l’accompagner au Festival du Livre sur la Place, qui a lieu chaque année à Nancy, et ainsi faire la connaissance de cet essaim de dessinateurs renommés dont l’origine nancéenne n’est pas connue, sauf de leurs groupies évidemment : Diégo ARANEGA, Hervé BARU, Jochen GERNER, Rémi MALINGREY, Yan LINDINGRE et Guillaume LAB.

Ce sens inné du commerce qui m’a amené au poste de co-gérant général en chef, mon instinct d’épicier-tueur, tous les témoins en moi me l’indiquaient : Yan LINDINGRE = Bonne Affaire. Comme vingt ans plus tôt avec LEFRED, j’ai échangé de magnifiques originaux contre quelques bouteilles de vin, une ou deux photos de vigneronnes nues, même pas eu besoin d’avoir recours à la verroterie et aux images pieuses. Sur ma lancée je lui ai demandé de nous concocter notre carte de voeux 2011, idem avec LEFRED : « Dis Kopin ! Si tu nous faisais un bodessin pour konfait un boticheurte » « Et hop! » Voilà le travail. Un bout de nappe en  papier sur lequel ils renonçaient à leurs droits et vous obtenez deux magnifiques Ticheurtes qui vont faire un malheur sur les terrains de golf dès ce printemps.