Encore un jeu de Pierre Bonnes-Mares

Ce n’est pas pour rien que chez Glougueule nous revendiquons le magnum comme unité de mesure. Soixante-quinze centilitres, c’est peu même chez les Quakers, alors pour une tablée de dix c’est carrément une gourde pour un troupeau de dromadaires au sortir du Ténéré. Lorsque notre camarade déposa négligemment sa bouteille sur la desserte chargée de présenter à la trop nombreuse assemblée les futures immolées, un léger silence s’est fait. Mon logiciel de fin dégustateur de combat s’est mis à mouliner, mais dans le vide. À la lettre B comme Bonnes Mares 85, rien.

Su l'sable copie-Bonnes mares

Par contre, à la rubrique conseils et techniques à mettre en Å“uvre je trouvais : en tout premier lieu, compter le nombre d’adversaires potentiels, les hypothétiques alliés, de circonstance, ne vous y trompez pas, puis les éléments faibles, malades ou influençables. Malgré tout, les rescapés de ce décompte étaient nombreux. Restait le placement, déterminant le placement dans une telle occasion, une position centrale me mettrait à l’abri et m’assurerait contre toute déconvenue. J’étais dans l’axe et avais gardé dans mon champ de vision notre hôte qui possède un gosier tel un vinoduc et cet autre que j’avais vu entrer en transe en présence d’un magnum de Selosse. Mais le danger arrive toujours de là où on l’attend le moins, en l’occurrence il s’appelait Mario le danger que je n’avais pas vu venir.

L’ami italien d’un ami, qui ne l’est plus. Après avoir versé un fond de verre aux petits malins, qui avaient su garder le rythme et ne s’étaient pas attardés sur la bouteille précédente, restait le plus délicat où tout oscille entre gestion du plaisir et de la quantité. Boire suffisamment lentement pour apprécier pleinement chaque gorgée et assez rapidement pour rester dans le peloton des échappés de la deuxième rasade. J’avais su garder l’équilibre et me délectais de ce vin que je n’avais jamais croisé, à chaque micro-gorgée le plaisir augmentait et je bénissais notre ami d’avoir pensé à nous pour partager cet instant.

Et c’est là précisément que venant de l’arrière a surgi Mario, ce Pantani du vin, dopé à je ne sais quoi, qui après avoir ingurgité la première tournée de Bonnes Mares, sans crier gare, a saisi la bouteille et d’un violent coup de poignet l’a vidée, remplissant son verre à ras, et l’a ingurgité d’un trait, fusillé du regard dans un silence haineux. Cette histoire qui pourrait vous sembler banale a eu sans que vous le sachiez des conséquences fâcheuses. Lors de la finale de la coupe du monde 2006, Materazzi n’aurait pas évoqué la Bonne Mère, Zidane étant marseillais, mais les Bonnes Mares que son ami Mario avait sifflé à notre barbe et surtout à notre santé.

2 réponses à “Encore un jeu de Pierre Bonnes-Mares”

  1. Guillaume écrit :

    Le transalpin est fourbe et alerte, mais ca boit comme une Ferrari, ca monte dans les tours mais le moteur serre facilement. Si il boit comme ca, il ne finira pas la degust

  2. vins de loire écrit :

    que dire plus ????

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