Archive pour septembre 2014
lundi 29 septembre2014
Publié dans Michel Tolmer | 2 commentaires »
lundi 22 septembre2014
Le vrai luxe demain sera dans nos assiettes. Au dernier smartphone sorti je préfère mon portable avec son antenne télescopique, à la dernière version du simili 4×4 juste bon à grimper le trottoir, je garde ma poubelle jusqu’à la mort, et ne supportant plus l’humour à deux balles et sa publicité qui me ressort par tous les orifices, j’ai résilié mon abonnement à cette chaine dont le nom se rapproche de l’un d’entr’eux. Grâce aux économies réalisées je m’offre désormais en magnum ce qu’auparavant je m’achetais en demi-bouteille.
Bon là , honnêtement, même si pour faire effet, écrire demi-bouteille pour créer une image forte c’est bien, personne n’y croira. D’ailleurs qui à l’heure actuelle achète son vin en 37.5 cl, personne. Donc pensez bouteille en lisant demi. Je reprends.
Qui dit économe, dit pingre. Et qui dit pingrerie, dit Normandie. Je m’y trouvais début août chez le Docteur Marcello, fondateur historique en 1977 du mouvement des KKB. Sur notre trajet estival, il est devenu une escale incontournable possédant un stock de blancs 2009 de chez Agnès et René Mosse qui fut impressionnant. Alors que nous devisions au coin de la cheminée, mon regard de chineur/mangeur fut attiré par une superbe série de casseroles émaillées. Un bref coup de scanner pour évaluer volume et poids. Rentreraient-elles toutes dans ma valise ? Penser à les emballer pour éviter tout bruit dénonciateur. J’en étais là de mon listing quand il me dit : « Laisse, c’est fabriqué à Thury-Harcourt, pas très loin, et comme ça tu fais visiter la Suisse Normande à Angèle ».
Le charme de la Suisse Normande pour un plus grand plaisir du palais.
Renseignements pris c’est à l’entrée du village, prés de la voie de chemin de fer, facile. Pas de magasin, une devanture d’entrepôt avec sa sonnette, un couple attend devant la porte, nous en profitons pour nous glisser. Trois marches à droite et c’est la salle de vente, couverte de plaques émaillées de toutes sortes. Les numéros de rue, les sentences, les objets décoratifs et ce pourquoi nous sommes ici : les récipients qu’avec on cuisine des choses qu’elles sont bonnes et surtout qu’ainsi elles ne sont pas en contact avec une matière dont on ignore en grande partie l’origine et ses conséquences à long terme sur notre petite santé de vieux chétifs. L’homme est grand, mince avec une forme de raideur quasi militaire dans la posture, il porte une blouse de toile du même bleu intense que ses yeux. A le voir de prime abord, on ne sait si notre visite est la bienvenue, il répond avec placidité et gentillesse au couple mais avec une sorte de distance rêveuse. Mais toutes ces considérations oiseuses sont balayées dès que l’on marque un intérêt à ses produits pour peu que l’angle choisi soit la gastronomie. Là , le visage s’illumine, les réponses fusent précises, avec les conseils pour bien utiliser casserole, sauteuse et crêpière. Pour moi qui ai décidé de concurrencer les plus grands chefs étoilés, dès ma retraite, à condition d’avoir le matériel adéquat, c’est le moment d’investir pour l’avenir. Mais c’est là que revient mon pitoyable et détestable côté Normand, je suppute que tous ces trésors doivent valoir leur pesant de gamay en magnum. Nous sélectionnons une crêpière, une sauteuse, une poêle et une louche. A la question, tant redoutée, combien cela coûte? Deux billets bleus. Deux malheureux billets bleus, alors ça c’est pile poil ce que j’aime entendre, Monsieur Opderbeck, c’est beau, utile et pas cher. Nous prenons les quatre ustensiles comme on prend des amuse-bouche, en se disant que si ces produits sont à la hauteur, dans la foulée je me prends la totale casseroles et tutti quanti.
Pas de bidons, mais de très jolies gamelles.
Alors un conseil : En passant par la Normandie, allez rencontrer cet Alsacien, vous ne serez pas déçu et vos estomacs vous remercierons. Pour terminer, si vous voulez voir l’intensité de ses yeux s’accroitre, parlez lui vin naturel, parce qu’en plus l’homme semble être gourmand de tout ce qui transite par le gosier.
EMAILLERIE NORMANDE Opderbeck père & fils
10-12 impasse des Lavandières – 14220 Thury Harcourt –
(+33) 02 31 79 70 15
http://www.emaillerie-normande.com/
PS : Nous avons testé sauteuse, poêle et crêpière, tout est parfait. Si vous suivez bien les instructions, c’est moins d’énergie et les aliments n’attachent pas.
Je dis merci Monsieur Opderbeck!
Tags :émaillerie normande, opderbeck, suisse normande, thury-harcourt
Publié dans Philippe Quesnot | Aucun commentaire »
mardi 9 septembre2014
Plusieurs fois j’étais allé l’admirer Boulevard Haussmann du temps de ma vie antérieure au Nord de la Loire, du temps où je passais l’hiver dans une veste en mouton. De cette époque certainement me reste en témoignage sur le visage des stries rosacées du plus bel effet, particulièrement au soleil couchant quand lui et moi étalons nos palettes en parfaite harmonie. Ma table, celle devant laquelle je bavais; même pas besoin d’y poser quoique ce soit de comestible, le processus s’enclenchait seul; cette table était celle de mes rêves mais le prix avec plusieurs zéros me la rendait hors de portée. Alors j’ai tiré une croix sur cette envie, je me suis raisonné, me suis accommodé de toutes les autres au gré des hasards.
La plus belle table du monde.
Internet est apparu avec ses sites de rencontre particulier à particulier. Longtemps j’ai tapé « Protis – Table Petite Venise » sans résultat, sauf à me faire renvoyer sur le site officiel du fabricant, seule différence quarante ans après, les francs se sont transformés en euros. Elle est toujours aussi désirable, ses dimensions idéales, ses proportions parfaites, son design épuré, ses arcs de cercle qui, en se déployant, vous font passer d’une table carrée de 1.20m x 1.20m à une ronde de 1.60m de diamètre portant votre capacité d’accueil de six à dix convives confortablement installés autorisant ainsi le dérapage du magnum au jéroboam et surtout, surtout, son pied central qui est si bien conçu qu’elle reste stable quoi que vous lui fassiez subir.
Je me promenais donc un jour sur la toile et avais lancé ma recherche amoureuse quand ce site qui ne précise pas s’il s’agit d’y trouver des champignons ou d’y piqueniquer me signale qu’un exemplaire de l’objet de toutes mes convoitises se trouve être à la vente, et ce, à un prix abordable. Bingo! Restait à convaincre Mimi, notre mannequin, d’utiliser son énorme gouffre à gas-oil pour une promenade en banlieue parisienne. La promesse de manger et boire avec Monsieur Plus et, comme c’est presque sur la route, aller vérifier chez les Villemade que sa sculpture n’a pas bougé en prenant rendez-vous en fin de mâtinée, disons après 11h30. Comme ça, la marge restante entre dégustation et repas sera réduite au maximum.
En descendant l’escalier, elle est ma première vision matinale et à chaque fois je me dis qu’elle est, sans doute possible, la table idéale, celle que tout homme normalement constitué a envie de posséder.
Mais il y a quelques mois, j’ai honte, je suis retourné sur ce site de rencontre, il avait enregistré ma recherche et sans que je lui demande, m’a transmis la photo d’une autre « Petite Venise », cette fois elle était blonde, peut-être plus jeune et surtout son homme avait dû se tromper dans le montant qu’il en souhaitait. Je ne pouvais pas laisser passer cette incroyable occasion. Alors sans trop réfléchir j’ai pris mon téléphone et quelques secondes plus tard j’étais le propriétaire d’une seconde « Petite Venise » qui irait s’installer sur les bords de Loire afin de ne pas perturber la régulière en wengé. Jusqu’ici chacune ignore l’existence de l’autre et c’est tant mieux, pas facile tous les jours d’être un bi-table.
La table Petite Venise a été dessinée par Bernard Dequet et Pierre Le Merrer pour la Société Protis.
Tags :bernard dequet, mimi, pierre le merrer, protis, table petite venise, villemade
Publié dans Philippe Quesnot | 4 commentaires »