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La baie de Cannes

La baie de Cannes avec en arrière-plan, les îles de Lérins.

Nous sommes à quelques heures de la révélation d’un des plus grands scandales de l’histoire du vin et les grugés de service ne s’en seront pas rendu compte. Il faut reconnaitre là, l’immense talent du chef d’orchestre, de l’auteur machiavélique de ce plan génial dont le nom est déjà apparu par ailleurs, dans le Jura si je ne me goure-je. Les grandes arnaques, en tous cas celles qui marchent le mieux, sont toujours les plus simples. Prenez une petite dizaine de vignerons que vous aurez piochée parmi les membres de l’association dont vous  êtes à l’origine et accessoirement le président, présentez-leur comme un privilège, dites-leur qu’il sont les élus, que vous organisez à leur intention un voyage exceptionnel en Amérique du Sud. Demandez-leur de nombreux échantillons en magnums dans de grands millésimes car ils vont devoir marquer les esprits des dégustateurs de manière indiscutable. Parlez de leur renommée naissante au Brésil qui se doit d’être confirmée, de marchés colossaux à l’export, de soleil à la sortie de l’hiver, de plages de sable fin, de strings microscopiques, des formalités, de la douane tatillonne, des acomptes en espèces déjà versés pour s’assurer les meilleures colonnes dans les revues spécialisées, des passages télé, des journalistes influents. C’est bien le bout du monde si vous n’en attrapez pas un du Beaujolais, deux ou trois de la Loire, un du Jura, deux du Rhône. Il vous aura fallu, pour parvenir à vos fins, la complicité d’un baron, un homme de l’art, un historique dont la réputation dans le domaine de la dégustation n’est plus à démontrer. Je ne peux citer son nom, trop dangereux, mais retenez que les deux syllabes qui le composent sont redondantes et identiques à la seconde qu’émet la sirène du camion de POMpier. Il aura par son discours consolidé tous les arguments que vous aurez avancés, il vous aidera à ferrer vos beaux poissons de ce début avril. L’appât n’en sera que plus facilement engamé. La suite du plan est d’une simplicité désarmante mais nécessite malgré tout une attention de chaque instant. Le plus difficile étant certainement de leur faire admettre que le vol Paris-Rio se fait désormais en 1h30 et que les locaux parlent naturellement un français sans aucun accent. La confusion mentale faisant partie du quotidien et régnant en maitre chez un certain vigneron du Saumurois, l’entourloupe aura été avec lui des plus aisée. Quant aux autres je pense que l’emberlificoteur en chef aura su endormir leur conscience par d’habiles discours comme il sait si bien en produire au quotidien, empocher le colossal pactole dont il les aura allégé sur ce coup et retapisser les nombreux rayons de sa gigantesque cave. Pour plus d’informations sur cette affaire, Glougueule vous conseille de suivre le fil de l’A.F.P., les détails ne devraient pas tarder.

Philippe Quesnot, envoyé spécial permanent dans les Alpes-Maritimes.

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