Quelle nuit!
lundi 26 octobre2015Il y a comme ça des lendemains douloureux, une grande fatigue, la nonchalance engourdie, de ces absences qui n’ont rien pour rassurer. Je sais que le week-end, sans ĂŞtre chargĂ©, a Ă©tĂ© studieux et a laissĂ© des traces, mais de lĂ Ă ne pas me souvenir du pourquoi du comment je me suis couchĂ© Ă 3h du matin, cela m’inquiète quand mĂŞme un peu. En reprenant le fil des opĂ©rations, je retrouve le vendredi soir un repas chez Marina et Laurent Cazottes, distillateurs Ă Villeneuve sur Vère, desquels nous pouvons dire le plus grand bien sans ĂŞtre suspectĂ©s d’accointance tant nous avons su garder avec eux la distance nĂ©cessaire pour ne pas ĂŞtre soupçonnĂ©s d’avoir entachĂ© notre charte dĂ©ontologique. Une promenade apĂ©ritive et informative dans les champs jouxtant l’exploitation avec dĂ©gustation des dernières tomates encore sur pieds, gorgĂ©es de sucres, nous rappelant en cela que nous avons lĂ un fruit et non un lĂ©gume (remarquez Ă cette occasion que Glougueule n’est pas que l’expression d’un humour fin et dĂ©licat, c’est aussi la Qulture avec une majuscule).

Quelques unes parmi les 86 variĂ©tĂ©s de tomates qui entrent dans la composition de la liqueur qu’Ă©laborent Marina et Laurent Cazottes.
Visite des fĂ»ts avec vĂ©rification sur pièce de la qualitĂ© des fruits laissĂ©s en macĂ©ration dans l’eau de vie, repas lĂ©ger arrosĂ© de Mauzac Nature, magnums de Prunelard et Duras du Domaine Plageoles et fils, Poulsard du Domaine de la Tournelle. Samedi matin 10h, frais et dispo j’attaque une sĂ©ance de dĂ©dicace infernale. ExtĂ©nuĂ© je me traine Ă deux pas de lĂ jusqu’au bar Ă vins, Vigne en Foule en compagnie de JacfĂ©, et Jacky Durand, journaliste Ă LibĂ©ration, venus eux aussi rencontrer leurs lecteurs. (Il semblerait que JacfĂ© ait dĂ©tournĂ© Ă son seul profit la foultitude d’inconditionnels qui nous Ă©tait destinĂ©e en utilisant de vieux subterfuges toujours aussi efficaces comme la sortie Ă point nommĂ© de succès de librairie comme Frères de Terroir et depuis 20 octobre la suite intitulĂ©e “Carnet de Croqueurs”)
Echine de porc, tranches d’andouillette et cocos en sauce que nous avons dĂ©graissĂ©s au Muscadet Granite du Domaine de l’Ecu puis retour pour affronter le froid, heureusement protĂ©gĂ© par le rempart constituĂ© de piles de 30 Nuances de Gros Rouge Ă peine entamĂ© par la vente de six exemplaires pour toute cette journĂ©e. Nous entendions, venant de la tente centrale destinĂ©e aux livres “jeunesse”, le brouhaha causĂ© par les bousculades de gosses attendant tous de pouvoir rencontrer leurs dessinateurs adorĂ©s. W.C.Fields, mon humoriste rĂ©vĂ©rĂ©, les dĂ©testait; j’eus une pensĂ©e Ă©mue Ă son intention. Je notai : “Écrire des nouvelles Ă base de vin et d’enfants, voire recettes les associant”. Le soir, rencontre avec Olivier JEAN, jeune vigneron local dont nous avons apprĂ©ciĂ© au cours du repas l’ensemble des vins de son Domaine les Vignals en alternance avec un Tout en Bulles et une PoignĂ©e de Raisin du Domaine Gramenon. Sur le retour, Vigne en Foule Ă©tant toujours ouvert nous nous sommes rincĂ©s au Cidre Ă la pression d’Eric Bordelet. Jusqu’ici donc c’est bon, je reconstitue sans trop de problèmes. Dimanche matin après une nuit reconstructive et un petit dĂ©jeuner magique dans la Maison d’HĂ´tes Delga en plein centre de Gaillac , je suis assailli par trois autres fanatiques dĂ©sirant absolument acquĂ©rir le plus cĂ©lèbre de tous mes livres que j’ai Ă©crits de ma vie. A 12h30 j’obtiens de la Librairie Attitude un ticket de sortie pour aller rejoindre mes camarades chez les Plageoles oĂą nous vĂ©rifions sur pièces que Mauzac, Graucol, Prunelard et Duras sont vraiment des cĂ©pages locaux qui peuvent ĂŞtre exceptionnels lorsqu’ils sont bien menĂ©s. C’est peut-ĂŞtre lĂ que j’ai abusĂ©, et encore je ne suis pas sĂ»r. Ce cĂ´tĂ© perfectionniste qui me poursuit et me pousse parfois Ă trop de rigueur dans la dĂ©gustation, goĂ»tant et regoĂ»tant jusqu’à l’absolue certitude. Enfin, toujours est-il que j’ai lĂ©gèrement somnolĂ© dans le minibus qui m’a transportĂ© jusqu’à l’aĂ©roport de Toulouse.

Il en va du solide comme du liquide. On se doit de terminer par le grand repas, celui qui marque de son empreinte indĂ©lĂ©bile, l’apothĂ©ose gastronomique, la quintessence du meilleur. A l’image de l’Amphitryon.