Archive pour novembre 2019

Mimi, Fifi & Glouglou – Confessions

lundi 18 novembre2019

Etoile rouge

mardi 12 novembre2019

S’il y a bien un truc que déteste mon associé, c’est que j’en fasse moins que lui et il faut reconnaitre que depuis ma déconnexion définitive du monde du travail en mars 2017, je n’en secoue pas lourd, le prunier est intact, nulle trace sur l’écorce. Alors pour me relancer, il lui arrive de me jeter sous le nez un appât, comme ça pour voir. Sa précédente tentative je m’en gausse encore. Cette photo en d’autres temps m’aurait fait choir du hamac, au milieu d’une grande assiette blanche trônait un rogaton de je ne sais quoi, couronné d’une miséreuse feuille d’un végétal anonyme et pour occuper le désert de porcelaine qui menait de cette ridicule bouchée au bord de l’assiette le cuisinier avait dessiné le plan d’évacuation d’un trait de balsamique qui me rappelait fortement mon défunt chat malade. Insuffisant pour que je retourne au turbin, la sieste perpétuelle retenait encore toute mon attention.

Avec son dernier essai le bougre s’est montré plus malin, « exception n’est pas coutume » dit le proverbe Berbère. Au cours d’une conversation téléphonique il me glisse en tout bien tout donneur le conseil d’illico pesto filer chez mon libraire me procurer la B.D. collective « On a mangé sur une île », m’assurant que je saurai y trouver matière à plaisir et réflexion profonde, qu’il y est question d’amis dessinateurs narrant par le menu l’histoire de ce restaurant mythique, aujourd’hui disparu et tant pleuré, un étoilé Michelin atypique tenu par un couple dont les idées politiques étaient jusqu’ici assez peu représentées dans le milieu. « Les Tonnelles » c’eût pu être tout aussi bien « Bâbord Toute ! » ou « L’Etoile Rouge ».

L’île de Béhuard, les Tonnelles, Catherine et Gérard, les soirées de la Dive où tu pleures la première fois parce que tu ne sais pas qu’il faut réserver et tu finis dans un restau quelconque du centre d’Angers. Les années suivantes moins benêt tu es du nombre et doucement démarre une histoire d’amitié que la faible fréquence installe dans le temps long. 2007, La Loire en crue, tout comme nous au petit matin, notre déambulation le long du fleuve, Gégé au retour du marché, les huîtres sur la terrasse ensoleillée, puis un Clos Rougeard 2005 sur le fruit, un deuxième pour vérifier. One more time Eugène !

En 2014 Ă  Angers cette fois, les mĂŞmes Ă  peu de chose près, ça s’appelle Une Ă®le et on refait tourner le manège, pas besoin d’agiter la queue du singe. Et les ris de veau de GĂ©rard. P…. ! J’allais les oublier les ris de veau. Mon D… quel souvenir ! Les fins de soirĂ©e, lorsque fourbu il vient nous rejoindre pour un solo de gamay et qu’en chĹ“ur on dĂ©gomme une dernière bouteille que Catherine a judicieusement sĂ©lectionnĂ©e pour sa fraicheur nocturne, fin de session chez « Red Note », chacun range son instrument plus ou moins dans son Ă©tui ou pas loin. Il y a GĂ©gĂ© mais il y a aussi et surtout Catherine, la Reine de l’accord mets et vin irrĂ©prochable, toujours dans le tempo du moment, la colonne vertĂ©brale de l’établissement, reine et rĂ©gente, tout Ă  la fois.

C’est page 76 que j’ai trouvé le « ce, du comment du pourquoi » Toto m’en avait fortement recommandé la lecture, cette case trônait au milieu du stripe : « Et l’esthétisme d’une assiette, c’est important demande Camille Jourdy, l’autrice de cet épisode. Et là Mon Gégé keskidi ? Hein ! Keskidi ? : « Ah moi je dis toujours « Notre objectif, il est pas là, c’est une dérive de la cuisine, tu balances trois fleurs et tout le monde dit « Waou ! » Pfff ! Ça m’agace. »

Non, mon Gégé, pas tout le monde. Moi aussi ça m’agace, et agacer est un euphémisme à bas coût pour exprimer la rage qui me monte au ciboulot et m’enfume le cervelet lorsqu’un serveur dépose devant moi une ration de station thermale enluminée de pétales pour masquer l’indigence de l’assiette. P…. ! Ça me rend fou, j’ai l’injure au garde à vous, en attente à la commissure des lèvres. Rien à voir avec chez vous. Parce que quand tu sors de table chez les Bossé, c’est uniquement guidé par ce sentiment ténu qui te rappelle qu’il est bien tard, que tes dernières analyses sont très moyennes, que nos amis sont certainement fatigués, et pas pour te précipiter sur le premier casse-dalle venu comme cela t’arrive parfois tant les portions étaient congrues. Dommage qu’Angers soit si loin.

Récemment Catherine et Gérard ont donné un gros coup de gouvernail, le 9 Rue Max Richard est devenu tout à la fois une table d’hôtes, presqu’une cave, presqu’une épicerie, presqu’une galerie, enfin une presqu’île quoi. Nous réservons dès maintenant une table pour la soirée précédant La Dive 2020. Catherine tu notes, s’il te plaît ?
Presqu’île – 6 Rue Max Richard – 49100 Angers – TĂ©l 02 41 19 14 48

Il est trop tard pour tutoyer la gastronomie étoilée des Bossé, mais vous pouvez la retrouver et prolonger ces instants à travers la B.D. éditée chez Delcourt sous les crayons d’une huitaine de dessinateurs et trices, Zeina Abirached, Baru, Fred Bernard, Claire Braud, Etienne Davodeau, Camille Jourdy, Philippe Leduc et Tanquerelle, pour un prix inférieur à 20€. Donc…………..