Quelle nuit!

Il y a comme ça des lendemains douloureux, une grande fatigue, la nonchalance engourdie, de ces absences qui n’ont rien pour rassurer. Je sais que le week-end, sans être chargé, a été studieux et a laissé des traces, mais de là à ne pas me souvenir du pourquoi du comment je me suis couché à 3h du matin, cela m’inquiète quand même un peu. En reprenant le fil des opérations, je retrouve le vendredi soir un repas chez Marina et Laurent Cazottes, distillateurs à Villeneuve sur Vère, desquels nous pouvons dire le plus grand bien sans être suspectés d’accointance tant nous avons su garder avec eux la distance nécessaire pour ne pas être soupçonnés d’avoir entaché notre charte déontologique. Une promenade apéritive et informative dans les champs jouxtant l’exploitation avec dégustation des dernières tomates encore sur pieds, gorgées de sucres, nous rappelant en cela que nous avons là un fruit et non un légume (remarquez à cette occasion que Glougueule n’est pas que l’expression d’un humour fin et délicat, c’est aussi la Qulture avec une majuscule).

Distillerie Cazottes à Le Carlus à Villeneuve sur Vère

Quelques unes parmi les 86 variétés de tomates qui entrent dans la composition de la liqueur qu’élaborent Marina et Laurent Cazottes.

Visite des fûts avec vérification sur pièce de la qualité des fruits laissés en macération dans l’eau de vie, repas léger arrosé de Mauzac Nature, magnums de Prunelard et Duras du Domaine Plageoles et fils, Poulsard du Domaine de la Tournelle. Samedi matin 10h, frais et dispo j’attaque une séance de dédicace infernale. Exténué je me traine à deux pas de là jusqu’au bar à vins, Vigne en Foule en compagnie de Jacfé, et Jacky Durand, journaliste à Libération, venus eux aussi rencontrer leurs lecteurs. (Il semblerait que Jacfé ait détourné à son seul profit la foultitude d’inconditionnels qui nous était destinée en utilisant de vieux subterfuges toujours aussi efficaces comme la sortie à point nommé de succès de librairie comme Frères de Terroir et depuis 20 octobre la suite intitulée « Carnet de Croqueurs »)

Vigne en Foule à Gaillac

Échine de porc, rondelles d’andouillette et cocos arrosés d’un Muscadet du Domaine de l’Écu

Echine de porc, tranches d’andouillette et cocos en sauce que nous avons dégraissés au Muscadet Granite du Domaine de l’Ecu puis retour pour affronter le froid, heureusement protégé par le rempart constitué de piles de 30 Nuances de Gros Rouge à peine entamé par la vente de six exemplaires pour toute cette journée. Nous entendions, venant de la tente centrale destinée aux livres « jeunesse », le brouhaha causé par les bousculades de gosses attendant tous de pouvoir rencontrer leurs dessinateurs adorés. W.C.Fields, mon humoriste révéré, les détestait; j’eus une pensée émue à son intention. Je notai : « Écrire des nouvelles à base de vin et d’enfants, voire recettes les associant ». Le soir, rencontre avec Olivier JEAN, jeune vigneron local dont nous avons apprécié au cours du repas l’ensemble des vins de son Domaine les Vignals en alternance avec un Tout en Bulles et une Poignée de Raisin du Domaine Gramenon. Sur le retour, Vigne en Foule étant toujours ouvert nous nous sommes rincés au Cidre à la pression d’Eric Bordelet. Jusqu’ici donc c’est bon, je reconstitue sans trop de problèmes. Dimanche matin après une nuit reconstructive et un petit déjeuner magique dans la Maison d’Hôtes Delga en plein centre de Gaillac , je suis assailli par trois autres fanatiques désirant absolument acquérir le plus célèbre de tous mes livres que j’ai écrits de ma vie. A 12h30 j’obtiens de la Librairie Attitude un ticket de sortie pour aller rejoindre mes camarades chez les Plageoles où nous vérifions sur pièces que Mauzac, Graucol, Prunelard et Duras sont vraiment des cépages locaux qui peuvent être exceptionnels lorsqu’ils sont bien menés. C’est peut-être là que j’ai abusé, et encore je ne suis pas sûr. Ce côté perfectionniste qui me poursuit et me pousse parfois à trop de rigueur dans la dégustation, goûtant et regoûtant jusqu’à l’absolue certitude. Enfin, toujours est-il que j’ai légèrement somnolé dans le minibus qui m’a transporté jusqu’à l’aéroport de Toulouse.

L'accord parfait vu par Air France

Il en va du solide comme du liquide. On se doit de terminer par le grand repas, celui qui marque de son empreinte indélébile, l’apothéose gastronomique, la quintessence du meilleur. A l’image de l’Amphitryon.

Ensuite j’ai trouvé saumâtre le repas servi par Air-France. Et cette question intérieure qui me laissait perplexe : La durée du trajet ayant été de 7h et celle du vol proprement dite étant traditionnellement de 1h10mn, la piste de décollage de l’aéroport de Toulouse est-elle la plus longue du monde ? La réponse semble être : Non. Il paraitrait que mon vol ait été annulé et que nous ayons été acheminés en bus. Ce qui expliquerait bien de choses.

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