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Vingt en Vrac, prochainement, enfin bientôt aux Éditions de l’Épure.

philippe 19 février 2018 3 comments

Le 12 avril sortira aux Éditions de l’Épure “Vingt en Vrac” recueil de nouvelles toutes vraiment plus les unes que les autres. En arriver à un tel niveau de finesse d’écriture et de drôlerie caustique ne fut pas une sinécure pour l’auteur. J’ai dû des mois durant au fond d’une cave humide sur les murs de laquelle ne ruisselait que de l’eau, trimer sous la férule impitoyable de Sabine Bucquet-Grenet, dite La Patronne. Vous avez ci-dessous une des cinq recalées, à ce point excellente qu’il vous sera difficile, voire impossible d’imaginer le registre des vingt retenues.

Kenobama par Marc Demuseau

Château Machepro

Il en est du monde du vin comme du reste, pas d’exception, on y rencontre de tout, de tous horizons, jusqu’au rustre de concours. Pourquoi cet univers dérogerait-il à la règle ? En croiser un beau, un vrai ne laisse jamais indifférent et marque son homme, voire le laisse hébété, pantois devant la performance du discourtois.

Deux fois par an a lieu à Cagnes sur Mer dans l’enceinte de l’Hippodrome un grand raout où producteurs de tous horizons s’agglutinent pendant trois, quatre jours pour célébrer la grand-messe du manger et du boire, l’occasion de réelles découvertes et de belles déconvenues. On rencontre là, fin des années 90, les Muscadets et la moustache de Jo Landron, cette autre, non moins belle de Philippe Chatillon descendu de son Jura, les alcools de poire, de reine-claude et derrière une mèche rebelle, Laurent Cazottes, le gras fondant de l’échine du porc noir de Bigorre de Pierre Matayron mais aussi bon nombre de liquides insipides et de solides indignes. C’est aussi l’opportunité au beau milieu du printemps et de l’automne d’aérer les ancêtres ou de les préparer à l’hibernation, les maisons de retraite ne s’y trompent pas qui les déversent par cars entiers. Celui de mai est reconnaissable aux effluves de naphtaline survolant le troupeau en mouvement. Dans un raffut de déambulateurs, de prothèses de hanches et de caddies, les portes s’ouvrent à dix heures pétantes sur cette meute de retraités avides, prêts à dilapider leurs pensions pour retrouver des bribes de leur enfance et se charger de souvenirs pour l’éternité.

Plan en main, on déambule dans les allées, le bout du nez mené par les odeurs. En entrant à droite au fond, c’est devenu une habitude, je bave sans retenue sur ce pain d’épices aux parfums de réglisse. À l’idée de le déguster, associé à un beurre demi-sel, mon cholestérol s’envole. Toutefois son passage sur la balance me rappelle qu’il se vend au poids et qu’en l’occurrence sa densité proche du mercure devrait m’inciter à la retenue, pour peu que je cède à la tentation et ajoute une ou deux douzaines de ces macarons dont la croute s’effondre pour libérer une purée d’amande délicieusement amère.

Mais je m’égare, j’étais parti pour dégoiser, médire sur mon prochain et voilà que je digresse….de cheval. Je sais, je sais, désolé mais le lieu m’y autorise. Bon donc, revenons à mon malappris. Proche voisin du stand de Laurent Cazottes, j’avais fait sa connaissance et goûté les vins, l’homme était jovial, très volubile et franchement sympathique. Les années passent et récemment au hasard de mes déambulations je retombe sur lui. La conversation reprend là où nous l’avions laissée, j’achète quelques bouteilles, je traine, je regoûte, et finis par l’inviter le soir même avec sa collaboratrice. Le salon ferme à 20h, la maison est à deux pas. Cela tombait bien nous avions ce soir-là nos hôtes permanents : Jo, Guillaume et le beau Rénato. Elevés à l’ancienne, nous avons tenu à ne rien entamer, ne rien toucher, ne rien boire tant que nos invités d’un soir n’étaient pas là. L’exercice était difficile, d’autant plus que nous ne sommes pas habitués d’ordinaire à moduler, à jouer sur la retenue, nous avons la pédale d’embrayage susceptible. Parfois le moteur s’emballe sans que nous le voulions. Généralement dès que les premiers se pointent, on déclenche les hostilités avec un petit coup de blanc, immanquablement les autres invités arrivent avant que la deuxième ne soit vide. 20:30 arrive, le frein à main est bloqué, au taquet, mais résiste. 21:00 ça sent le caoutchouc brulé, on récrimine dans les rangs. Un certain, d’ordinaire si mâle, simule l’inanition. Craignant que ne s’y mêle l’amertume devant mon attitude qu’il juge si molle, je compose. 21:30 Ils sont perdus, je les guide par téléphone, ils ne devraient plus tarder. Rénato redevient fréquentable. 21h45 Je sors dans la rue pour les accueillir. Il est presque 22h00 lorsque la voiture se gare sur le parking. Mon vigneron et son assistante en descendent et là lui me regarde quelque peu surpris, voire interloqué, je lis une forme de déconvenue sur son visage. Il jette un regard alentour. « Il y a un problème ? » lui dis-je. « C’est toi, Philippe ? » « Ben oui ! Pourquoi ? » « Parce que nous sommes bien invités à manger ce soir chez un Philippe, mais ce n’est pas toi… Tu n’es pas motard ? » « Ben non ! Pourquoi ? » « Parce que celui de Philippe chez qui nous devons manger ce soir est motard. » « Et alors ? » « Ben alors faut qu’on y aille parce que je lui ai promis que nous mangerions ensemble ce soir. Excuse ! » Ça je ne suis pas certain qu’il l’ait dit. Et mon  bonhomme est remonté dans sa voiture et a filé vers Antibes là où habitait Philippe le motard. J’ai refait les 50m qui séparent la rue de la maison, même pas énervé ni fâché. J’ai dû me dire « Ben merde alors ! Il est magnifique celui-là ! J’aurais dû le mesurer avant de le relâcher » Subjugués par l’énormité du gag, nous nous sommes appesantis quelques instants sur le malotru avant de décréter que la période de sevrage avait suffisamment duré, que le frein à main pouvait être lâché et que les hostilités étaient ouvertes. « Allez Guillaume ! Fais péter un coup de blanc ! »

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philippe

https://www.glougueule.fr
Afin d'accéder à l'aristocratie épicière, Philippe QUESNOT, alias PQ, suivra des études de grouillot en architecture et béton armé durant environ une quatorzaine d'années entre Paris, Evreux et Nice. Se sentant mûr pour se lancer dans la carrière qu'il a toujours voulu embrasser, il décide de créer, en partenariat avec un de ses anciens collègues, un complexe épicier qui tiendra à la fois du bazar, du foutoir et surtout dans 70m². Ce n'est que sur le tard, après sa rencontre avec Sylvie AUGEREAU et Michel TOLMER qu'il participera à cette magnifique aventure qu'est GLOUGUEULE. Dans un premier temps pressenti pour le Nobel de la Paix, il lui sera préféré qui vous savez. Le consortium tentaculaire de l'industrie du rire ne lui a toujours pas pardonné sa liberté de ton, souvent sarcastique et surtout la subtile alchimie de son humour si fin et léger qu'il sait si facilement mettre en œuvre pour notre plus grand bonheur.

3 comments

  1. Patrick Thouron

    Ça va être ric et rac. Je suis en France du 31 Mars au 13 Avril!… il sera en librairie?

  2. Les Éditions de l’Épure sont une maison sérieuse et la date de parution étant fixée au 12 avril, tu devrais pouvoir repartir aux states avec ton container de livres.

  3. Patrick Thouron

    Parfait. De quoi lire pendant l’interminable traversée…

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