Le Duc des longs bars – Part 1

S’il existait un Prix Nobel de Bistrologie, le jury n’aurait pas l’ombre d’une hésitation. Hélas, l’Académie suédoise se cantonne à des domaines subalternes comme la médecine ou la physique, ignorant, les pauvres, à quels sommets un homme comme Bernard Pontonnier, dit Ponpon, a pu porter cette discipline à la fois sportive (lever de coude), sociale et culturelle. Ah les cons! Le Georges Charpak du comptoir, le Pierre-Gilles De Gennes du limonadier, l’Albert Schweitzer de la cuite, ils le méconnaissent!

Jeunes gens qui insouciamment biberonnez des boissons naturellement fermentées, vous ignorez tout ce que vous devez à Ponpon, et d’ailleurs il ne tiendrait pas particulièrement à ce que vous le sussiez. Le vin avant Ponpon, c’est un monde qu’on a du mal à se figurer, mais essayons quand même, pour cela, il faut remonter au Haut Moyen-Âge :

A la fin de l’Empire romain, le vignoble passe aux mains des moines. Mais l’un d’eux, Ponponus,  décide de faire sécession. Il ouvre sur la Montagne Sainte Geneviève, lieu sacré s’il en est, un petit débit de boisson, le Novum Pretorium (qu’aujourd’hui on traduirait par Nouvelle Mairie), petit par la taille, mais considérable par la quantité, et encore bien plus par la qualité des boissons qui y coulent. Ponponus parcourt la Gaule à la recherche des meilleurs pinards, encourage les vignerons à mettre en bouteille plutôt qu’à livrer des pièces de vin qu’il faut protéger par une adjonction massive de soufre, comme c’était l’usage en ces temps anciens dans les bistrots de Lutèce. Ses explorations privilégient les appellations peu reconnues : Loire (si vous voulez l’énerver, parlez-lui de « petits vins de Loire »), Rhône ou Beaujolais, où il commerce avec Jules Chauvet. Et derrière le comptoir, ses clients et potes s’appellent Bob Giraud ou Roland Topor.

Ses talents exceptionnels de gestionnaire (n’oublions pas qu’il est titulaire d’un MBA*) lui permettent de fermer assez rapidement le Café de la Nouvelle Mairie et de passer à d’autres aventures, qu’il n’acceptera de vous narrer que de vive voix, si une nuit vous le croisez au comptoir du Baratin. Fervent partisan de la tradition orale, authentique griot de bistrot, il oppose une fin de non-recevoir à ceux qui souhaiteraient l’entraîner vers l’écrit.

D’ailleurs, en dehors de ses qualifications bistrologiques, Ponpon fait plus que se distinguer dans l’exercice de la Langue De Pute, c’est même un Grand Maître de dimension internationale, qui mériterait de se voir décerner quelque chose comme la médaille Fields de la LDP. Si vous vous trouvez à table avec lui, évitez de vous absenter pour aller pisser, vous risqueriez de le regretter…

*Meilleure Biture de l’Année

5 réponses à “Le Duc des longs bars – Part 1”

  1. Philibert écrit :

    Enfin un panegerique (même partiel …) qui donne une breve esquisse du personnage!
    On en parle même du haut de la Grande Muraille au fin fond du Grand Canyon, sans parler du fournil de Chateaurenault.

  2. Em écrit :

    Je n’aurai qu’un mot : BRAVO!!!!

  3. morse écrit :

    Je suis très surpris que l’on nous parle comme cela de celui qui aujourd’hui est à la tête de
    la secte des adorateurs de GEVEOR !!!!
    Santé à nicolas pour cette nouvelle année.

  4. pascal écrit :

    le Duc des longs bars mais ponpon c’est aussi la Reine de la muids (enfin demi…)

  5. PIT BRET écrit :

    Il n’y a rien à ajouter tout est dit!

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