Par ces temps de grands froids nous étions mon camarade Tolmer et moi-même en quête d’un lieu parisien accueillant et sincère. Un peu de chaleur humaine, une cuisine généreuse, un bon coup à boire et nous serions les plus heureux des hommes. Nous nous sommes ainsi retrouvés Rue Lemercier chez Alex, patron du Bistral dont seule l’enseigne se conjugue au singulier pour le reste envisagez le pluriel. Le hasard est parfois taquin qui avait fait venir à la même heure Arnaud Bradol des Fines Gueules. Stratégiquement cette configuration de départ laissait entrevoir beaucoup de possibilités, tout restait envisageable et ce, jusqu’au dernier moment, juste avant l’extrême-onction. Avec l’âge je sais que je devrais m’assagir, devenir raisonnable mais lorsque j’ai vu cette poêlée de crevettes grises noyées dans le beurre avec quelques brins de persil hachés pour tout linceul, mon côté normand est revenu au galop. Bientôt quarante ans d’exil volontaire au soleil, j’ai adopté la civilisation de l’olive et avec, tous les jeux qui tournent autour mais là, l’appel était trop fort. J’ai repiqué immédiatement, une intraveineuse, décharge fulgurante d’un cholestérol de première qualité, du Bordier pur. Non coupé, pour une reprise le risque était grand mais la structure anti-adhésive de mes artères à base de saindoux a résisté. Les yeux vitreux et le sourire béat nous en avons repris une deuxième et puis une troisième. Après quinze ans d’abstinence il ne me restait plus qu’à reprendre le tabac pour emprunter le raccourci qui me permettrait de ne pas avoir à attendre mes 60 ans révolus pour partir en retraite. Une douce quiétude m’envahissait, ne manquaient qu’un feu de cheminée et quelques poutres apparentes pour me transporter cinquante ans plus tôt dans la ferme de mes grands-parents au fin fond du Calvados. Alex, homme généreux exauça mes deux vœux, palliant le feu de bois par un combustible moins solide mais tout aussi efficace, alimentant notre chaudière régulièrement de superbes bûches. Quant aux poutres apparentes la livraison se fit en fin du repas. Un convoi exceptionnel, un modèle flamboyant gainé de rouge, une super-structure digne d’encaisser des contraintes extrêmes, du biton armé de premier choix. Visiblement un homme de savoir, ce qui ne nous étonna en rien, Alex ayant toujours su choisir ses fournisseurs au sommet de leur art. Vers 18h nous dûmes les quitter à regret pour affronter la froidure et les embruns de comptoir qui nous attendaient à la Quincave.
Le Bistral – 82 Rue Lemercier – 75017 Paris – Tel : 01 44 85 91 99
philippe
https://www.glougueule.fr
Afin d'accéder à l'aristocratie épicière, Philippe QUESNOT, alias PQ, suivra des études de grouillot en architecture et béton armé durant environ une quatorzaine d'années entre Paris, Evreux et Nice. Se sentant mûr pour se lancer dans la carrière qu'il a toujours voulu embrasser, il décide de créer, en partenariat avec un de ses anciens collègues, un complexe épicier qui tiendra à la fois du bazar, du foutoir et surtout dans 70m². Ce n'est que sur le tard, après sa rencontre avec Sylvie AUGEREAU et Michel TOLMER qu'il participera à cette magnifique aventure qu'est GLOUGUEULE. Dans un premier temps pressenti pour le Nobel de la Paix, il lui sera préféré qui vous savez. Le consortium tentaculaire de l'industrie du rire ne lui a toujours pas pardonné sa liberté de ton, souvent sarcastique et surtout la subtile alchimie de son humour si fin et léger qu'il sait si facilement mettre en œuvre pour notre plus grand bonheur.
MANU K
que du bons bistrots!!!…
MATHIEU Alex
ce serait plutôt 80 rue Lemercier , car au 82 rue lemercier c’est le Bis, (l’endroit ou l’on stocke et vend les buches)…. quelle folle après midi !!!!
philippe
En résumé : les poutres au 80 et les bûches au 82
fred
Et moi pendant ce temps là, j’tournais la manivelle……….F
Francois Dumas
Ah! qu’ils sont bons les “trop rares” moments passes au Bistral…