Nice : un couple de Gallois, victimes collatérales d’un rendez-vous manqué.

 

Il est vrai que ces pauvres Gallois n’y étaient pour rien, tranquillement installés à déguster leurs caillettes en buvant un coup de rosé, mais bon….Voilà, nous attendions depuis pas loin d’une heure une amie qui venait de m’annoncer qu’après avoir fixé jour et heure du rendez-vous, elle nous avait tout simplement oubliés. Alors c’est peu de dire que j’étais escagassé. De plus, pour lui faire plaisir, j’avais sorti du fond de ma cave deux bouteilles dont j’attendais beaucoup, et sincèrement  je ne nous voyais pas boire ces deux bouteilles en tête à tête. Pourtant Olivier, sentant le malaise qui régnait, avait tenté de faire chuter la tension en me servant une petite rasade de blanc. Installés, nous commandons nos caillettes et notre hôte nous ouvre ce Fleurie 2000 d’Yvon Métras. J’avais bien fait de fonder sur lui de grands espoirs, car c’est exactement ce que j’aime dans le gamay, intense au nez, puissant et soyeux en bouche avec une grande persistance.

L’assistance étant réduite, nous le faisons goûter aux cinq clients présents. L’avis est unanime et cela se voit dans leurs regards : c’est excellent et plus ne serait pas pour leur déplaire. Trois doivent nous quitter pour rejoindre joyeusement cette chose que l’on nomme le travail et que je suis entrain d’apprendre à oublier. Restent nos deux Gallois.  Et eux, tout comme nous, ne sont pas bousculés par l’emploi du temps. Nous leur versons les dernières gouttes, le vin s’est complétement ouvert, il est parfait. Je le sais car cela se voit dans les yeux d’Angèle, qui ne se prive pas quand la bouteille n’est pas comme elle l’attend de me faire la remarque : « Ce n’est pas la peine que tu t’entraînes autant avec tes kopins, si tu n’es pas fichu d’ouvrir les bouteilles quand elles sont PARFAITES ! » Et paf ! Prend ça ! Au suivant !

Sur le gâteau sablé accompagné de sa glace vanille, était-ce une prémonition, nous avions dans notre besace Les Fouchardes 2001 de Mark Angeli. Un chenin demi-sec d’une belle couleur or aux arômes subtils et à la bouche fraîche. Seuls désormais, nous invitons nos voisins gallois à notre table, distante d’un bon mètre de la leur. Freda et Eric effectuent un léger glissando, les présentations officielles se font. Retraités de Cardiff, ils ont trouvés La Part des Anges sur le net en se fiant à l’avis d’internautes amateurs de bons vins et de convivialité. L’occasion de triturer l’anglais m’étant rarement offerte, j’en profite allégrement pour lui faire subir d’horribles outrages, tentant même de faire de l’humour.

C’est là que j’ai noté que nous avions à faire à des gens charmants. Ils se sont esclaffés. Après quelques refus de pure forme, Freda et Eric nous ont bien aidés à finir cette très belle bouteille. Nous nous sommes quittés après avoir échangé boîtes mail en nous promettant de nous revoir très bientôt. Me reste à convaincre ma chère Méditerranéenne qu’une eau ruisselant en permanence sur son beau visage ne peut être que bénéfique à son teint.

Une réponse à “Nice : un couple de Gallois, victimes collatérales d’un rendez-vous manqué.”

  1. mimi écrit :

    j’entends les oreilles de la petite Marie siffler à l’autre bout du monde
    c’est un exploit pour moi qui suis sourd comme un pot(de vin bien sur)
    mimi

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