Archive pour la catĂ©gorie ‘Qui a bu quoi’

Chronique de l’amer

dimanche 11 mars2012

C’est devenu monnaie courante de lire Ă  la page des faits divers la relation d’un de ces dĂ©bordements dĂ» Ă  l’alcool qui aura menĂ© deux amis de longue date Ă  des extrĂ©mitĂ©s qu’ils regretteront le lendemain une fois dĂ©grisĂ©s.

Je ne dĂ©roge pas Ă  la règle. M’est-il arrivĂ© par le passĂ© de vous narrer par le menu cette lamentable aventure qui m’avais amenĂ© Ă  participer Ă  ce collectif appelĂ© « Galinette » du nom du submersible que nous avions achetĂ© en commun? (Nous pensions acheter un cigare des mers, il ne s’agissait que d’un mĂ©got flottant). La règle Ă©tant que le dĂ©missionnaire ne pouvait rien rĂ©clamer lors de son dĂ©part, je m’Ă©tais rĂ©solu Ă  admettre que deux promenades en mer Ă  ramer et Ă  Ă©coper le gas-oil en fond de cale pour 1500€ Ă©tait une bonne affaire.

Eh bien je suis tombĂ© l’autre jour sur ces photos au beau milieu du quotidien local oĂą il Ă©tait rapportĂ© qu’abrutis par l’absorption excessive de grenache (CuvĂ©e Galinette du Domaine de Sulauze de Karina et Guillaume Lefèbvre), les deux derniers actionnaires en Ă©taient venus aux mains. Il semblerait d’après les premiers rĂ©sultats de l’enquĂŞte que RĂ©nato Bellamusicatchitchi n’ait pas supportĂ© que son ami JacfĂ© ait changĂ© la barre de direction pur style Henri II pour une « spĂ©ciale sport » avec fourrure, plus en rapport avec la nature mĂŞme de cet ouragan des mers. Un dĂ©tail anodin qui, amplifiĂ© par l’ivresse, aura pris des proportions dĂ©mesurĂ©es.

Une fois leur magnum de honte bue, comme beaucoup de couples alcooliques, les deux compères auraient repris une vie maritime commune. Jusqu’au prochain excès, n’en doutons pas, malheureusement. Par bonheur, aucun enfant n’Ă©tait pris en otage dans cette sinistre histoire.

Rappelez-vous, parfois l’alcool peut nuire. Parfois mais pas toujours.

Grand jeu-concours/Les dégustations de Mr Picolage

mardi 17 janvier2012

Ami Glounaute et des Jeudis L.D.P., en mĂŞme temps que tu collabores au rĂ©tablissement des vĂ©ritĂ©s du monde du vin avec ton hĂ©misphère gauche, tu peux participer au Grand Jeu-concours GLOUGUEULE – Mr Picolage avec les autres.

Mr Picolage a testĂ© les 16 vins ci-dessous. Chaque vin lui a inspirĂ© un commentaire. Il te suffit de retrouver les bonnes combinaisons pour gagner un magnifique polo Mr Picolage qui, après t’en ĂŞtre revĂŞtu, te permettra grâce Ă  cet habile subterfuge d’aller donner les pires conseils que tu puisses prodiguer aux bricoleurs du dimanche qui te ruinent tes grasses matinĂ©es.

A) Ouaiiis ! – B) Problème – C) Whâo ! – D) Pas buvable – E) Je suis vraiment nul en dĂ©gust’ j’en ai reconnu aucun ! – F)  Le mĂŞme en magnum, SVP ! – G) Intorchable ! – H) Très cher – I) Lourd – J) BouchonnĂ© – K) C’est NoĂ«l ! – L) PrĂ©fontaines 61 – M) Magnifique ! – N) Quelle merveille ! – O) Un peu volatile… – P) Du jamais bu !…

Le désaccord parfait

dimanche 7 août2011

Tout est affaire de circonstance. Pour une journĂ©e harassante je prĂ©conise après la douche rĂ©gĂ©nĂ©rante un Tout’en Bulles de Gramenon ou un Mauzac Nature de Bernard Plageoles. Après une longue balade automnale sur la plage dans la vĂ©randa face Ă  la mer les pieds en Ă©ventail sur le radiateur un Larmandier-Bernier Vieille Vignes de Cramant 2005. En fin de soirĂ©e avec ta fiancĂ©e, Les BĂ©guines de JĂ©rĂ´me PrĂ©vost que tu auras oubliĂ©es quelques annĂ©es au fond de ta cave afin qu’elles te libèrent ces arĂ´mes de brioche beurrĂ©e.

Mais alors pour un divorce, n’ayant jamais pratiquĂ© ce sport de combat rapprochĂ© si particulier appelĂ© « mariage » je me retrouverais fort dĂ©confit. La rĂ©ponse Ă  ce problème mĂ©taphysique m’a Ă©tĂ© apportĂ©e par RĂ©nato qui a eu la bonne idĂ©e de divorcer rĂ©cemment et pour fĂŞter sa libĂ©ration RĂ©nato a dĂ©bouchĂ© un Extra Brut d’Anselme Selosse dĂ©gorgĂ© en 2004. A chaque gorgĂ©e un anneau de la chaine qui le marquait Ă  l’annulaire disparaissait. A l’inverse de son mariage les annĂ©es lui avaient beaucoup apportĂ©. EspĂ©rons qu’il ne sera pas nĂ©cessaire qu’il se remarie pour fĂŞter sa sĹ“ur.

Mon Dieu, pardonnez-nous!

jeudi 9 juin2011

Nous Ă©tions tranquillement attablĂ©s en terrasse, JacfĂ© et moi, devant un petit magnum de Mauzac Nature des Plageolles quand trois types sortis de nulle part nous mettent un calibre sous le nez en braillant « Si vous bougez, on vous sulfate la grappe! » Yeux bandĂ©s ils nous embarquent derechef sans mĂ©nagements dans un Ă©norme 4×4 noir aux vitres fumĂ©es. Cinq minutes plus tard nous descendons tant bien que mal un escalier pour aboutir dans une pièce au sol couvert de graviers. LĂ  nos ravisseurs nous libèrent de nos entraves et nous redonnent la vue. Nous sommes dans une très belle cave au design moderne Ă©quipĂ©e comme il se doit pour pratiquer le noble art du « torchage de boutanches » sauf que lĂ  il y aurait plutĂ´t erreur, il s’agirait de « DĂ©gustation de grands crus entre gens de bonne compagnie ». Nous tentons bien de leur dire que nous n’avons rien Ă  voir avec cet endroit et les convaincre qu’il ne peut y avoir que mĂ©prise sur les personnes.

Un des encagoulĂ©s nous hurle « Vos gueules les gauchos! Vous allez boire ce que vous allez boire, y en a marre de vos vins Ă  la con ! » Nous sommes de toute Ă©vidence en prĂ©sence de dangereux intĂ©gristes prĂŞts Ă  tout. Ils sont chargĂ©s totale SO² et toute discussion parait inutile. Le chef, un petit au fort accent marseillais, dirigeait les opĂ©rations : « Amène, qu’on en finisse! »  Meursault 2003 de J-F Coche-Dury, Batard-Montrachet Grand Cru 2000 du Domaine Ramonet, Ruchottes-Chambertin 2002 de Christophe Roumier, Mouline 1981 de Guigal.

Les bouteilles se sont succĂ©dĂ©es Ă  un rythme infernal, pas le temps de s’attarder, il fallait boire, toutes les boire. MĂŞme pas le temps de leur dire un mot. On Ă©tait au boulot. Nous ne serions libres qu’une fois les bouteilles vides. C’Ă©tait de l’abattage.

JacfĂ© et moi ne sommes pas hommes Ă  nous en laisser compter par quelques bouteilles qui se trouveraient malencontreusement en travers de notre chemin, il nous est arrivĂ© par le passĂ© d’affronter des tempĂŞtes de grenache dans l’avallĂ©e du rhĂ´ne, agrippĂ©s Ă  certains comptoirs nous avons supportĂ© de violents embruns. Nos beaux visages burinĂ©s en tĂ©moignent. Mais lĂ  nous Ă©tions Ă  dĂ©couvert, aucune connaissance du terrain, dĂ©stabilisĂ©s.

Que des vins inconnus dont on a juste entendu parler. Contraints, nous avons dĂ» nous plier Ă  la volontĂ© de nos tortionnaires, nous avons tout bu jusqu’Ă  la dernière goutte. Je crains, Mon Dieu, qu’Ă  la fin nous y ayons pris du plaisir.

Que le saint patron des vins nature veuille bien nous pardonner.

Amen!

Louis la Brocante.

jeudi 14 avril2011

Hier, soleil printanier, brocante de particuliers au village. Accroche-torchon auvergnat genre XIXe en mĂ©tal forgĂ©, jeux de vieux verrous et deux magnifiques stylographes hors d’Ă©tat de nuire, plus un cadenas. Dix euros cinquante centimes le tout. Je suis ravi de ces nouveaux trĂ©sors. Alors que je m’apprĂŞtais Ă  expertiser une vieille bouteille de riesling bien exposĂ©e en plein cagnard,  mon ami Louis, Villeneuvois brocanteur Ă  la retraite me tape sur l’Ă©paule.

« Oh! Philippe toujours dans le vin ?..Eh bien puisque tu aimes toujours ça je m’en vais te raconter une histoire qui m’est arrivĂ©e…. Il y a une vingtaine d’annĂ©es je faisais une adresse Ă  Vence. Toute une cave Ă  la brouette tant la ruelle Ă©tait Ă©troite. J’avais presque fini quand, dans l’escalier, je remarque un rideau. Je le tire et il y avait lĂ  tout un tas de bouteilles. Moi Ă  l’Ă©poque ce qui me plaisait c’Ă©tait le pastis-whisky-cognac.

La veuve me dit : « Vous savez ça ce sont des bouteilles que mon gendre, qui Ă©tait marchand de vins, il les offrait Ă  mon mari. Et mon mari, Oh Diou!  il est mort depuis bien longtemps, alors!….Mais ça ne fait pas partie du lot, alors!…… » « Combien vous en voulez? »…. »Je ne sais pas moi,…..1000F… ça irait? »

A l’Ă©poque j’avais toujours au moins une brique sur moi. Je lui sors les billets et je rentre Ă  la maison. J’Ă©tais complètement cuit, les allers et retours en brouette m’avaient ruinĂ© le dos. Je me suis installĂ© sur la terrasse avec mon camembert et le bout de pain que j’avais achetĂ© en route. J’ai pris une bouteille de rouge au hasard et je me la suis sifflĂ©e tout seul.

Et je trouvais ce vin fantastique, vraiment bon, j’ai tout bu. Et tu sais ce que c’Ă©tait ce vin? »…..« C’Ă©tait une RomanĂ©e Conti. Je ne savais pas ce que ça valait, c’est un collègue venu la semaine suivante qui s’intĂ©ressait au vin qui m’a dit que c’Ă©tait une grande bouteille qui valait cher.

Quand il m’a demandĂ© si je l’avais gardĂ©e, j’ai cru que c’Ă©tait pour faire un pied de lampe. Ce serait maintenant je la vendrais, mais lĂ  je ne le savais pas!  D’ailleurs lui il m’a pris trois bouteilles, il m’avait filĂ© 3000 balles. Je me souviens qu’une des trois c’Ă©tait un Chateau Yquem.

Les autres, j’en ai bu quelques unes et  j’en ai donnĂ© Ă  mon fils qui est Ă  Lourmarin. Il m’a dit qu’il s’Ă©tait rĂ©galĂ©…….. Ce que c’Ă©tait? J’en sais rien mais tu sais la RomanĂ©e Conti j’en ai encore le goĂ»t dans la bouche.

Tout compte fait, c’Ă©tait mieux que je ne sache pas ce qu’elle valait, j’en ai eu d’autant plus de plaisir! »

Mouton-Rotschild 1982

lundi 21 février2011

« HĂ©! M’siou Philippe! Vous qui aimez le vin, y’a mon cousin qui en vend, ça vous intĂ©resse ?

– Faut voir! Djallel! Faut voir! Qu’est-ce qu’il vend?

– Ch’sais pas, j’te les apporte demain si tu veux? »

Djallel est un des Tunisiens qui travaillent sur notre maison, nous sommes en 1989 et il fait très très chaud sur la CĂ´te d’Azur. Le lendemain, comme promis, Djallel arrive la sueur au front et un gros carton dans les bras.

« VoilĂ ! Philippe! Y’en a plein, tu regardes et tu me dis combien tu donnes! »

Une dizaine de bouteilles en vrac, un Bartissol, deux ou trois rosĂ©s dont les Ă©tiquettes avaient disparu, hermitage et crozes aux niveaux de misère, un rouge trois Ă©toiles en litre. Je commençais Ă  me dire que vraiment tout Ă©tait Ă  jeter quand tout au fond je reconnus cette Ă©tiquette aux dĂ©gradĂ©s de bistre si caractĂ©ristiques de ce 1er cru bordelais. Je bouscule un peu les autres bouteilles pour atteindre le prestigieux flacon. P…..! c’Ă©tait bien ça! Chateau Mouton-Rotschild et 1982 en plus. Niveau, Ă©tiquette, capsule tout était nickel. Une quille comme je n’en avais jamais bue.

« Alors qu’est-ce t’en dis?

– Mouais, Ă©coute Djallel, moi y en qu’une qui m’intĂ©resse. C’est celle-lĂ !

– Et combien t’en donnes? »

La calculette s’Ă©tait mise illico sur ON : construction de la maison, achat de bois pour les mezzanines, cette bouteille elle vient d’oĂą? Depuis combien de temps il la balade de chantier en chantier et Ă  quelle tempĂ©rature? S’il y a un bouchon, j’en fais quoi sinon un vin chaud et puis ce n’est pas trop le moment d’aller dĂ©penser dans du vin.

« Ecoute! Dis à ton cousin que je lui propose 500F pour sa bouteille »

Le lendemain la rĂ©ponse m’arrivait : « C’est pas assez! il a dit mon cousin.

– Eh bien dis-lui que je suis dĂ©solĂ© mais que je ne peux pas lui en offrir plus! »

Nous en restâmes là.

La maison fut livrĂ©e et comme nous avions sympathisĂ©, Djallel vint manger quelques fois Ă  la maison. Il nous annonça son mariage, ainsi que celui de son cousin, qu’ils feraient le mĂŞme jour afin de rĂ©duire les frais et Ă©conomiser un voyage Ă  la famille de Tunisie. Au repas suivant Djallel nous raconta par le menu l’ensemble des festivitĂ©s. La joie de tous et plus particulièrement des frères et cousins venus du bled qui avaient mangĂ© et bu « comme des sagouins » jusqu’Ă  pas d’heure. Le logement, comment faire dormir tant de monde dans si peu de surface?. Les jeunes mariĂ©s partis la nuit mĂŞme en voyage de noces avaient laissĂ© leurs appartements aux cousins, qui rentrĂ©s au petit matin n’avaient toujours pas envie de se coucher et, malgrĂ© les volumes ingurgitĂ©s, avaient toujours soif. Comme vous vous en doutez, cette nuit fut la dernière pour notre Mouton-Rotschild 82 qui fut proprement torpillĂ© par une bande d’assoiffĂ©s qui, j’en suis sĂ»r, n’en ont gardĂ© aucun souvenir sinon celui insolite d’avoir dĂ©couvert une bouteille de vin  enroulĂ©e dans du papier, cachĂ©e dans une boite Ă  chaussures.

Requiescat in Pace!

3615 Marula

mardi 2 novembre2010

Le marula est un arbre africain dont les fruits, une fois tombĂ©s Ă  terre, fermentent. Les nombreux animaux qui en sont friands se retrouvent piĂ©gĂ©s par les effets inattendus de l’alcool qui interviennent pendant la digestion. Ils ont alors beaucoup de mal Ă  regagner leur tanière comme le montre l’amusante video ci-dessous.

Incontestablement, il existe un certain nombre de points communs entre le marula arbre africain et le Marula, Gérard de son prénom, vinificateur du château de Coulaine à Chinon et auteur, pour son propre compte, de touraines et de chinons dont la réputation grandit en proportion de leur qualité : le fruit, la fermentation et les nombreux animaux qui en sont friands.

Mais il existe aussi de nombreuses diffĂ©rences. Il n’y a pas, Ă  notre connaissance, de liens entre GĂ©rard Marula et l’Afrique. Le fait qu’Ă©ventuellement, certains soirs, le Marula ait du mal Ă  regagner sa tanière ne nous regarde pas, et affirmer que les nombreux animaux qui sont friands des vins de GĂ©rard Marula se retrouvent piĂ©gĂ©s par les effets de l’alcool serait extrĂŞmement discourtois. On n’est pas des bĂŞtes!

Veillons donc Ă  bien faire la distinction entre le marula fruit, dont j’ignore le goĂ»t, et le Marula vin, dont je sais le goĂ»t pour avoir bu samedi dernier une bouteille de Clos de Baconnelle 2008. Il est tellement fin et harmonieux que GĂ©rard-ment bu un aussi bon chinon.

Les Etats d’âme du Mas Jullien 1998

samedi 2 octobre2010

Cette magnifique tranche, bien Ă©paisse, de thon que venait de m’offrir un ami pĂŞcheur me fĂ®t immĂ©diatement penser Ă  la cuvĂ©e Les Etats d’Ames 1998 du Mas Jullien. J’imaginais très bien une ratatouille compotĂ©e et rĂ©duite Ă  souhaits que l’on aurait Ă©laborĂ©e comme il se doit, en cuisant chaque lĂ©gume sĂ©parĂ©ment, allier sa palette aromatique Ă  la puissance et au fruit de cette bouteille dont la soeur ainĂ©e m’avait laissĂ© un souvenir marquant : ( En deux mots : Humm! Ouahh!, mais avec en plus la suavitĂ© que le temps peut apporter).

Un tour vite fait sur le marchĂ© pour acheter aubergines, tomates, poivrons et courgettes, ensuite attraper mon amoureuse et la convaincre de l’urgence de concocter cette ratatouille dont Elle SEULE dĂ©tient LE secret. Laisser refroidir et attendre qu’arrive l’instant de la grande faim. Pour le thon, saisir, garder le cĹ“ur presque cru, saler et poivrer du moulin. Une carafe est prĂŞte au cas oĂą la demoiselle aurait besoin d’oxygène. J’opère dĂ©licatement le tirebouchonnage, le vin est d’une couleur intense et au nez c’est  AAAAAAAAaaaaaaaaaaaaaaargh! Gasp! Diantre! Damned! P…. de B….. de M….! C’est pas possible! Il y a un bouchon. Comme dans Tex Avery, je me lĂ©zarde et tombe en mille morceaux, le coeur brisĂ©.

J’ai bien tentĂ© de la rĂ©animer par un violent passage en carafe,  j’ai mĂŞme rincĂ© celle-ci au porto en espĂ©rant un Ă©lectro-choc. Que nenni, rien du tout. Je suis effondrĂ©. Par bonheur notre cave renferme d’autres bouteilles susceptibles d’accomplir l’accord avec ce plat, mais je m’Ă©tais fait une joie Ă  l’idĂ©e de boire cette ultime bouteille, lĂ , maintenant. La dĂ©ception passĂ©e, j’ai dĂ©cidĂ© que nous ferions la daube la plus meilleure de la galaxie.

Les grands vins ne meurent jamais.

Vendredi c’Ă©tait la rentrĂ©e des glasses

jeudi 9 septembre2010

Dire que la seule fois de notre vie oĂą nous aurions pu faire se pâmer Adriana Karembeu et son mari, JacfĂ© et moi-mĂŞme Ă©tions dĂ©guisĂ©s en mafieux pour accueillir un couple de Lorrains venus se faire lyophiliser les champignons au doux soleil de septembre sur la Riviera. Il est vrai, les pauvres, que leur contrĂ©e dĂ©jĂ  sinistrĂ©e par l’homme, l’est aussi par Dieu et ses Ă©lĂ©ments. Enfin donc, après rĂ©cupĂ©ration des Baru,( car ils s’appellent BarulĂ©a Nicole et HervĂ©, nos amis lorrains),  direction le Lorrain de l’Ă©tape qui dirige un des rares estaminets de Nice oĂą il est bĂ©nĂ©fique pour le corps et l’esprit de s’attarder Ă  table. Solides et liquides vous y enjolivent rapidement la face.

A Nancy, ville originaire de notre couple, il nous avait Ă©tĂ© dit que le vin n’Ă©tait pas une substance particulièrement prisĂ©e. Pourtant les premiers repas pris avec le mâle tendaient Ă  nous prouver le contraire. L’homme, sous un aspect rustre de rocker primaire, avait montrĂ© quelques dispositions et mĂŞme affirmĂ© son goĂ»t pour les vins puissants du sud.  On ne pouvait pas s’attendre malgrĂ© tout à ce qu’il portât un quelconque intĂ©rĂŞt aux subtils vins de Loire, mais bon. VĂ©ritablement conquis, il s’acheta mĂŞme une cave de stockage. Quand Ă  l’Ă©lĂ©ment fĂ©minin, un après-midi sous la tonnelle m’avait convaincu de ses capacitĂ©s Ă  bien se tenir Ă  table. De la graine de championne.

VoilĂ  pour les personnages, maintenant le sujet du jour. Après quatre semaines passĂ©es sur les routes de France Ă  stocker les kilos superflus, il était important de reprendre l’entraĂ®nement. Retrouver les autres membres de l’Ă©quipe, cet esprit de corps, d’appartenance Ă  une Ă©litre. Sans aller jusqu’Ă  rĂ©apprendre la gamme, se ressourcer au contact des fondamentaux. Franck Caramel, notre entraĂ®neur, avait concoctĂ© tout spĂ©cialement pour nous un programme de reprise :  monter en puissance, Ă©couter les corps et leurs rĂ©ponses aux diffĂ©rentes sollicitations, » Le travail d’abord la performance vient naturellement » voilĂ  son credo.

En exclusivitĂ© « GLOUGUEULE » vous livre ce programme de vendredi dernier tirĂ© du petit carnet secret qui ne quitte jamais Monsieur Caramel : Les BĂ©guines de JĂ©rĂ´me PrĂ©vost (3 ans de cave après livraison) merveille de finesse et de fraĂ®cheur. Toute consommation de blanc lui Ă©tant interdite par la facultĂ©, HervĂ© a plongĂ© son nez dans le cabernet franc de Pithon-PaillĂ©, nous l’avons rejoint sur la cuvĂ©e de chenin du mĂŞme duo. Ces deux bouteilles Ă©taient prĂ©sentĂ©es sous les Ă©tiquettes dessinĂ©es par François Boucq, ami de Momo et Cra-cra, cĂ©lèbres clowns du Nord pour qui elles ont Ă©tĂ© Ă©laborĂ©es.

Somptueux « Chaillots » 2000 de Thierry Allemand, Ă  boire maintenant et sans modĂ©ration. « MĂ©mé » 2006 des amis Michèle AubĂ©ry et son fils Maxime Laurent, que dire d’autre que « chez Gramenon tout est bon ! » surtout entre autres particulièrement « La MĂ©mé ». Ensuite,  instant dĂ©tente, moment prĂ©fĂ©rĂ© des enfants : l’instant gamay. (rappelons que gamay vient du verbe anglais « to game » qui veut dire « jouer » que l’on retrouve dans l’expression bien connue dans la sphère bistrologique « gamay au verre », qui donne par glissement et contraction « game over », les flippers Ă©tant souvent installĂ©s Ă  cĂ´tĂ© des tables, les pratiquants en ont rapidement adoptĂ© l’usage. Je vous livre cette information sous couvert d’ĂŞtre dĂ©menti par Alain Rey).

Guy Breton, dit « P’tit Max » fut Ă  l’honneur avec ses 2009 : Morgon Vieilles Vignes et Chiroubles en magnum, puis nous sommes allĂ©s faire un tour chez Marcel Lapierre avec sa prestigieuse cuvĂ©e oĂą le millĂ©sime est indiquĂ© en chiffres romains, pour nous c’Ă©tait « MMV ».

Une petite soif et ce fut le dĂ©licieux Tavel d’Eric Pfifferling, qui, par rapport Ă  ses confrères n’a de rosĂ© que le nom. DĂ©routant la première fois tant les arĂ´mes que l’on y trouve sont inhabituels.

Cela faisait Ă  peine 9 heures que nous Ă©tions Ă  table que 2 Ă©normes cĂ´tes de boeuf vinrent atterrir dans nos assiettes suivies DU vin pour lequel je conçois aisĂ©ment que l’on puise se damner : « Les Goillottes » du Domaine PrieurĂ©-Roch. Par chance, il s’agissait d’un grand mâle de 2001. Son litre et demi de subtilitĂ© acheva de nous Ă©mouvoir. La fraĂ®cheur de la mer parvenait sur nos frĂŞles Ă©paules, demain serait un autre jour.

Conclusion : Les examens ayant Ă©tĂ© rĂ©ussis, nous pouvons dĂ©sormais envisager sereinement le transfert du couple BarulĂ©a. Madame se concentrera sur les blancs, monsieur marquera les rouges. L’hiver peut bien pointer son nez, nous saurons enchainer les matchs, les uns après les autres et comme dit « Coach Caramel » : « Beaucoup de volontĂ©, de l’entraĂ®nement et le succès finira bien par arriver, enfin je crois…………! »

Merci Coach!

A signaler pour la fin du mois, la sortie aux Editions Futuropolis du prochain album de Baru : « fais sonner les basses, Bruno ! »  En achetant cet album vous lui permettrez de boire mieux et plus longtemps.

Une leçon de dégustation chez les DESCHIENS

jeudi 15 juillet2010